Belle initiative que celle du Collectif unitaire Paris 19 (associations, syndicats, partis, citoyens), dont notre association a cosigné l’appel à une déambulation sur les traces de la Commune, de la Porte des Lilas jusqu’au quartier Danube, le dimanche 24 septembre.
Et elles sont nombreuses dans cet arrondissement, né en 1860 de l’annexion à Paris de la commune de La Villette et de la moitié de celle de Belleville (alors déjà 65 000 habitants, les autorités ont choisi de la couper en deux…).
En bas de la rue Haxo, eut lieu le 27 mai 1871 la dernière réunion d’élus du 19e, interrompue par Gabriel Ranvier, élu du 20e venu appeler à la défense de Belleville. Plus haut, une chapelle fut édifiée en 1894, depuis reconstruite en église : Notre-Dame-des-otages se situe sur l’emplacement de l’exécution de ceux-ci le 26 mai 1871. Otages qui ont aussi leur monument dans le cimetière voisin de Belleville, alors que nulle information officielle ne mentionne la fosse commune qui reçut des morts de la Semaine sanglante…
Après un arrêt en haut de la rue de Crimée, emplacement des canons qui arrêtèrent les versaillais jusqu’au 27 mai, notre amie Marianne nous a présenté Gabriel Ranvier et Zéphirin Camélinat devant les plaques qui leur sont dédiées rue de Belleville.
Ce nord-est de Paris à la géographie particulière, faite de dénivelés et de carrières souterraines, paya un lourd tribut à la répression versaillaise. Il fut surtout question de cadavres sur la fin du parcours en écoutant la lecture de témoignages de l’époque : dans le « Puits des fédérés » rue de Bellevue, dans le lac du parc des Buttes-Chaumont et sur le bûcher qui y fut dressé, sur les terrains de la Mouzaïa où on fusillait ceux des barricades prises à revers. Au coeur de ce quartier des carrières d’Amérique, 700 ou 800 morts furent jetés au fond d’un ancien puits de carrière sous la rue de la Prévoyance.
Il y eut sept élus par le 19e à la Commune : Charles Delescluze qui siègera finalement dans le 11e, Menotti (fils de Giuseppe) Garibaldi qui n’arrivera pas à rejoindre Paris, et cinq autres, condamnés à mort mais ayant réussi à s’enfuir.
Merci à la chorale L’Ut en choeur, qui ponctua de chansons cet après-midi ensoleillé et nous accompagna jusqu’au 1 rue de la Solidarité, au pied de la plus ancienne plaque en hommage aux communards, récemment rénovée, apposée en 1903 par des anonymes et dédiée « aux nombreux citoyens morts pour la République et la Liberté en mai 1871 ».
Après avoir partagé un communard, nous nous sommes séparés dans la joyeuse perspective de la prochaine fête de la Commune.
VALÉRIE MARTINEAU
