La Commune de Paris élue le 26 mars 1871 ne s’impose pas en assemblée nationale. Elle est un conseil municipal pour la capitale, même si certaines de ses orientations et décisions ont une portée qui dépasse le cadre parisien et ressemblent à celles de l’Assemblée parlementaire.

La Commune est une assemblée « représentative » dont chacun des membres est délégué de pouvoirs de ses électeurs. Dans la perspective de la Constitution de 1793, la Commune engendre une véritable démocratie au nom de la souveraineté populaire :

Les membres de l’assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables.

Au XIXe siècle, de nombreux étrangers, réfugiés politiques ou économiques se fixent en France. En 1866, Paris compte entre 150 000 et 200 000 étrangers qui s’assimilent à la population. D’autre part, en 1864, la Première Internationale provoque la rencontre des ouvriers de différentes nations, lors des congrès et manifestations de l’organisation. Ce brassage des peuples est favorable à la reconnaissance de l’autre et la Commune trouve, là, un terrain favorable à l’application de sa politique à l’égard des étrangers, leur assimilation à sa cause.

Léo Fränkel (1844-1896)  Général Dombrowski  Walery Wroblewski
Léo Fränkel (1844-1896) / Jaroslaw Dombrowski (1836-1871) / Walery Wroblewski (1836-1908)

 

La Commune manifeste constamment son internationalisme en nommant des étrangers dont elle apprécie les mérites à des postes dirigeants. C’est une politique nouvelle, un fait unique dans l’histoire mondiale. Un Hongrois, Léo Fränkel siège au conseil général de la Commune. La Commission des élections, le 30 mars 1871, valide ainsi son élection :

Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent, la commission est d’avis que les étrangers peuvent être admis et vous propose l’admission du citoyen Fränkel.

Léo Fränkel, promu, fait fonction de ministre du Travail et inspire l’œuvre sociale de la Commune. Des généraux polonais, Dombrowski et Wroblewski reçoivent le commandement des deux principales armées. Élizabeth Dmitrieff, jeune femme d’origine russe, est portée à la direction de l’union des femmes … et nombreux sont, encore, les étrangers qui participent à la Commune.

Élisabeth Dmitrieff (1850 ou 1851-entre 1910 et 1918)
Élisabeth Dmitrieff (1850 ou 1851-entre 1910 et 1918)

 

L’impact de la Révolution du 18 mars 1871 est immense sur les travailleurs du monde entier. Jusqu’au bout et encore aujourd’hui, elle est entourée de la solidarité du mouvement ouvrier international.

 

Patrick Cavan

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