Dans la partie « Rapports militaires » du journal officiel du 24 mai, on peut lire :
La nuit et la matinée du 23 mai
Montmartre et Batignolles
La butte Montmartre n’est pas restée inactive cette nuit. […] Les deux quartiers de Batignolles et de Montmartre sont formidablement défendus. […]
Vermorel et Lefrançais sont au milieu des bataillons fédérés.
Un peu plus loin, je rencontre La Cécilia, puis Cluseret. […] Je ne puis détailler ici chaque barricade. Il y en a à tous les coins de rue, mais il y en a une qui mérite une mention particulière.
Elle s’élève sur la place Blanche.
Elle est parfaitement construite et défendue par un bataillon de femmes, cent vingt environ.
Au moment où j’arrive, une forme noire se détache de l’enfoncement d’une porte cochère.
C’est une jeune fille, avec un bonnet phrygien sur l’oreille, le chassepot à la main, la cartouchière aux reins.
— Halte là ? citoyen ! on ne passe pas.
Je m’arrête, étonné, j’exhibe mon laissez passer, et la citoyenne me permet d’arriver jusqu’au pied de la redoute. […]
Louise Michel
Louise Michel qui est garde au 61ème Bataillon de la Garde nationale, y tire ses derniers coups de feu avec ses compagnes de lutte et quelques dizaines d’hommes de son bataillon. Elle écrit dans son livre « La Commune Histoire et souvenirs » :
Drapeau rouge en tête, les femmes étaient passées ; elles avaient leur barricade place Blanche : il y avait là Élisabeth Dimitrieff, Madame Lemel, Malvina Poulain, Blanche Lefebvre, Excoffon. André Léo était à celles des Batignolles. Plus de dix mille femmes, aux jours de mai, éparses ou ensemble, combattirent pour la liberté.
J’étais à la barricade qui barrait l’entrée de la chaussée Clignancourt, devant le delta ; là, Blanche Lefebvre vint me voir.
Je pus lui offrir une tasse de café, en faisant ouvrir, d’un ton menaçant, le café qui était près de la barricade. [ ] Blanche et moi nous nous embrassâmes, et elle retourna à sa barricade.
Un peu après passa Dombrowski, à chevala avec ses officiers.
- Nous sommes perdus, me dit-il. – Non ! lui dis-je ; il me tendit les deux mains : c’est la dernière fois que je l’ai vu vivant.
C’est à quelques pas de là qu’il fût blessé mortellement, nous étions encore sept à la barricade, quand il passa de nouveau. Cette fois couché sur une civière, presque mort, on le portait à Lariboisière, où il mourut.
Bientôt des sept, nous n’étions plus que trois.
Un capitaine des fédérés, grand, brun, impassible devant le désastre, il me parlait de son fils, un enfant de douze ans à qui il voulait laisser son sabre en souvenir. Vous le lui donnerez, disait-il, comme s’il eût été probable que quelqu’un survécût.
Nous nous étions espacés, tenant à nous trois toute la barricade, moi au milieu, eux de chaque côté. [ ]
A nous trois, on n’eût jamais cru que nous étions si peu ; nous tenions toujours. Tout à coup, voici des gardes nationaux qui s’avancent, on cesse le feu. Je m’écrie : - venez nous ne sommes que trois !
Au même moment, je me sens saisir, soulever et rejeter dans la tranchée de la barricade comme si on eût voulu m’assommer.
On le voulait en effet, car c’étaient les Versaillais vêtus en gardes nationaux.
Un peu étourdie, je sens que je suis bien vivante, je me relève, plus rien, mes deux camarades avaient disparu. Les Versaillais étaient en train de fouiller les maisons près de la barricade, je m’en vais, ailleurs encore, comprenant que tout était perdu ; [ ] On se battait encore ; celles des femmes qui n’avaient pas été tuées place Blanche se rabattirent sur les plus proches, place Pigalle.
Eugène Kerbaul
Dans le livre de Kerbaul sur Nathalie Le Mel, on peut lire :
Le 23 mai, avec environ 120 femmes, Nathalie Le Mel tient la barricade de le place Blanche. Pendant quatre heures, elles feront échec aux troupes du général Clinchant. Elles durent alors abandonner cette barricade et celles qui purent échapper au massacre qui suivit, dont Nathalie, se replièrent sur la barricade de la place Pigalle, toute proche.Un rapport de police précise : " ....à la tête d'un bataillon d'une cinquantaine de femmes elle a conduit la barricade de la place Pigalle". Et plus loin " ...y a arboré le drapeau rouge."" Vous êtes des lâches, disait-elle aux gardes nationaux....Si vous ne défendez pas les barricades, nous les défendrons."Ce rapport servit à la commissions des grâces pour refuser celle que quelques amies bien intentionnées avaient formulée pour elle et que Nathalie récusa dès qu'elle l'apprit.
Claudine Rey
Eugène Kerbaul dans son livre page 93 confirme, ainsi que les actes du procès de NLM.
Lire l'article d'Alain Dalotel su la barricade des femmes : https://www.commune1871.org/la-commune-de-paris/histoire-de-la-commune/chronologie-au-jour-le-jour/1488-la-barricade-des-femmes
La mort de Dombrowski
Entre 1830 et 1870 en Pologne, suite aux diverses révoltes et insurrections nationales, nombreux furent les Polonais qui vinrent chercher refuge en France où Ils furent accueillis avec sympathie et cordialité.
En reconnaissance de cette hospitalité, ils souhaitèrent se battre aux côtés des Français lors de la déclaration de guerre à la Prusse. A défaut d’incorporation, ils désiraient pouvoir monter une Légion, mais Napoléon III refusa.
Le 7 septembre, Jaroslaw Dombrowski (1836-1871), officier de carrière sollicita « l’honneur de former un corps polonais de partisans, éclaireurs au service de la République française ». (paru dans le Réveil). Autre refus de la part du Gouvernement de Défense Nationale.
Giuseppe Garibaldi (1807-1882) lui proposa le commandement du contingent polonais rattaché à l’armée des Vosges.
Après plusieurs tentatives de franchissement des lignes prussiennes, Jules Trochu (1815-1896), Gouverneur militaire de Paris l’accusa d’être un agent prussien, le fit arrêter et emprisonner. Il fallut la demande pressante de Garibaldi adressée à Léon Gambetta (1838-1882) pour que celui-ci le fasse libérer.
Citoyen,
j’ai besoin de Jaroslaw Dombrowski, rue Vavin 45, Paris. Si vous pouvez me l’envoyer par ballon, je vous en serais très reconnaissant (Vésinier, Pierre Comment périt la Commune, 2ème édition 1892).
Dans sa conférence au Club des Révolutionnaires à Paris le 27 décembre, Dombrowski fit le procès de Trochu « Trochu comme organisateur et général en chef :
Né en 1836 à Jitomir (région polonaise rattachée à la Russie), dans une famille noble mais pauvre, Jaroslaw Dombrowski était l’aîné de trois frères. Il fut élevé à l’école des Cadets de Brest-Litovsk. À 17 ans, nommé capitaine d’artillerie, il fit ses premières campagnes dans le Caucase. Passé capitaine en 1862, il passa quartier-maître de la 4ème division en garnison à Varsovie.
La Pologne dans ces années soixante, était en situation pré-révolutionnaire (grèves, manifestations, etc.). La sauvagerie de la répression à Varsovie (200 morts) va l’amener à l’idée d’une résistance armée.
Dirigeant du Comité National Central clandestin, il souhaitait ardemment libérer la Pologne avec comme objectifs, l’abolition du servage, la réforme agraire et l’indépendance. Très vite acquis aux idées démocrates et socialistes, il s’impose comme chef à la tête de 4000 hommes en vue de provoquer une insurrection à Varsovie. Dénoncé, il fut arrêté et condamné à mort. Sa peine fut commuée à15 ans de travaux forcés en Sibérie. Déguisé en femme, il réussit à s’évader et organisa l’évasion de son épouse, Pélagie, exilée dans une autre région de Russie. Le couple s’embarqua pour Copenhague puis Paris en 1865.
À peine arrivé en France, Dombrowski tenta de monter une légion polonaise pour combattre en Italie au service de Garibaldi contre l’Autriche (guerre de 1866).
En 1870 il habitait aux Batignolles avec son frère Théophile, dit Ladislas au 96 rue Nollet. Puis il déménagea au 45 rue Vavin dans le VIème arrondissement. Il trouva du travail dans une compagnie de transport. Porte-parole des émigrés polonais, il est vite suspect aux yeux de la police française. On le compromit dans une affaire de faux billets de banque russe et se retrouva en prison. Il fut libéré quelques mois après. Il entra en relations avec les révolutionnaires français : Delescluze, Vermorel, Varlin.
Le 18 mars 1871
Jaroslaw Dombrowski se rallia immédiatement à la Commune et son rôle militaire fut considérable. Très rapidement, Il fut invité par le Comité central à assister au Conseil de Guerre et on lui demanda son avis. Il proposa d’attaquer Versailles et dissoudre l’Assemblée Nationale. Il ne fut pas suivi.
Après l’échec de la sortie du 3 avril, on lui confia le commandement de la XIème Légion et le 6 avril il fut nommé par le délégué à la Guerre, Gustave Cluseret (1823-1900), Commandant de la place de Paris en remplacement de Jules Bergeret (1831-1905).
MINISTERE DE LA GUERRE En exécution des ordres de la Commune, le citoyen J. Dombrowski prendra le commandement de la place de Paris, en remplacement du citoyen Bergeret.
En conséquence, à partir d’aujourd’hui, 8 avril, tous les ordres relatifs aux mouvements de troupes seront donnés par le commandant de la place, J. Dombrowski
Paris, le 8 avril 1871.
Le Délégué à la Guerre,
E. CLUSERET
Le 9 avril, avec deux bataillons de Montmartre, Dombrowski accompagné d’Auguste Vermorel (1841-1871) surprit les Versaillais, les chassa d’Asnières en s’emparant de leurs pièces, canonna de flanc Courbevoie et le pont de Neuilly tandis que son frère Ladislas enlevait le château de Bécon qui commande la route d’Asnières à Courbevoie. Le général Vinoy (1800-1880) ayant voulu reprendre cette position dans la nuit du 12, ses hommes repoussés, s’enfuirent jusqu’à Courbevoie. Lissagaray, P.-O, Histoire de la Commune de 1871 (Librairie Marcel Rivière, 1947).
Entouré d’un état-major composé en grande partie de compatriotes parmi lesquels Auguste Adolphe Okolowicz (1838-1891), Dombrowski s’établit à l’Hôtel militaire de la place Vendôme mais demeurait constamment auprès de ses troupes parmi lesquelles se trouvait Louise Michel au 61ème bataillon de marche.
DEPÉCHES TELÉGRAPHIQUES
I9 avril 1871, 5h. 27 du soir.
Guerre à exécutive,
Bonnes nouvelles d’Asnières et de Montrouge, ennemi repoussé.
« […] Le combat continue avec acharnement. L'artillerie ennemie, placée sur la hauteur de Courbevoie nous couvre de projectiles et de mitraille : mais malgré la vivacité de ces feux, notre aile droite exécute en ce moment un mouvement dans le but d'envelopper les troupes de ligue qui se sont engagées trop en avant. Il me faut cinq bataillons de troupes fraîches, 2,000 hommes au moins, parce que les forces ennemies sont considérables ». DOMBROWSKI
La question des renforts se posait avec force pour une guerre de cette importance. Malgré dépêches sur dépêches, il ne reçut que 300 hommes. Début mai, il se décourageait de constater le manque de coordination des services. : « …Canons de 4 mais pas de servants…Projectiles non assortis aux pièces… »
Il s’installa à Clamart dans les locaux de l’imprimerie Dupont.
Le 5 mai
Sur décision de Rossel (1844-1871), nouveau délégué à la Guerre, il fut chargé de la direction des opérations sur la rive droite, le général Walery Wroblewski (1836-1908) commandant l’aile gauche et le général Napoléon La Cécilia (1835-1878) le centre, entre la Seine et la rive gauche de la Bièvre.
Clairvoyant, rompu à la lutte révolutionnaire menée en Pologne, il se heurta à Rossel qui ne comprenait que la chose militaire et manquait d’expérience et de vue sur l’utilisation des forces insurgées. « Il voulait combiner une très forte utilisation de l’artillerie avec des actions de partisans rapides et efficaces qui auraient économisé des vies humaines parmi les fédérés. On ne l’écouta pas ». (Noël Bernard, Dictionnaire de la Commune, Mémoire du Livre, 2000).
Versailles afin de ruiner son prestige lança des dépêches assurant que Dombrowski avait accepté de livrer Paris moyennant finances et, à partir du 6 mai, Bronilas Wolowski, émissaire envoyé par Versailles relatera plus tard leur conversation :
- Dombrowski : « À Neuilly, j’ai 1800 hommes devant 24 000 Versaillais ! Je vais où le feu est le plus intense… je m’expose et plus je me moque des projectiles, plus ils me respectent.. il ne nous arrivera rien ».
- Wolowski : « j’ai sur moi le laissez-passer de Picart… Versailles voudrait vous acheter, je l’ai senti… on vous donnerait le prix que vous voudriez pour la reddition des portes de Paris….mais j’ai refusé pour vous. On m’a même donné un laissez-passer à votre nom…si vous voulez partir ».
En effet, mesurant la puissance que représentait le général polonais, Thiers avait expédié à Paris une nuée d’espions pour tenter de le compromettre ou de l’acheter dont un dénommé Veysset qui sera vite neutralisé.
Dès le lendemain, Dombrowski viendra relater devant le Comité de Salut Public la tentative de corruption dont il fut l’objet pour livrer une porte aux Versaillais. Il proposa à la Commune d’en profiter pour leur tendre un piège. Gabriel Ranvier (1828-1879) relate :
il proposa d’attirer les troupes versaillaises à portée des fortifications. Des 20 000 hommes, 3 ou 4 000 purent être seulement réunis et au lieu de 500 artilleurs, il n’en vint qu’une cinquantaine.
Mais il ne fut pas suivi.
Dombrowski ne put empêcher la rumeur de circuler et de susciter la méfiance parmi certains membres de la Commune, ce qui l’affecta profondément. Néanmoins, sa sincérité fut reconnue et on lui renouvela une totale confiance.
Le 21 mai
Les premiers Versaillais pénétrèrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Dombrowski prévenu, rédigea une dépêche que Alfred Billioray (1841-1877) porta à l’Hôtel de Ville.
La porte de Saint-Cloud a été franchie à 4 heures par l’armée versaillaise …je prends des positions pour les repousser, si vous m’envoyer immédiatement des renforts, je réponds de tout.
En même temps, il envoyait Louise Michel et Mme Dauguin, ambulancière, au Comité de Vigilance de Montmartre.
Il reste enfin la question de la démarche faite par Dombrowski auprès du chef des armées prussiennes à Saint-Denis, pour qu’il le laisse traverser les lignes. Il se heurta à un refus. Arrêté, conduit à l’Hôtel de Ville, il fut réhabilité.
Le 24 mai,
débuta l’investissement de la colline de Montmartre. Sur son cheval noir, pâle, les cheveux ébouriffés, il retrouva Louise Michel en vigie au créneau de la barricade qui défend la place du Delta. Il poursuivit vers le boulevard Ornano retrouver son ami Vermorel.
Les premiers éléments de la Brigade Ladmirault commencèrent à tirer. Au coin de la rue Myrha et du boulevard Barbès, Dombrowski quitta sa monture, fit quelques pas et tomba face en avant, plié en deux. Rapidement des fédérés sortirent de l’abri, l’étendirent sur une persienne décrochée et le transportèrent à Lariboisière en faisant un détour. Il mourut vers deux heures de l’après-midi. Les fédérés l’emportèrent vers l’Hôtel de Ville. On installa le général revêtu de son uniforme et enveloppé dans un drapeau rouge. Des soldats restèrent auprès de lui.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53085526t
Pendant la nuit, un convoi s’organisa pour amener la dépouille au Père Lachaise.
Lissagaray raconte dans son Histoire de la Commune de 1871 :
Les fédérés avaient arrêté le cortège et placé le cadavre au pied de la colonne de Juillet. Des hommes, la torche au poing, formèrent une chapelle ardente et les fédérés vinrent l’un après l’autre mettre un baiser au front du général.
Au Cimetière du Père-Lachaise, un groupe de soldats communards était présent. Vermorel, bouleversé de chagrin, prononça l’éloge funèbre :
Le voilà, celui qu’on accusait de trahir…il a donné, l’un des premiers, sa vie pour la Commune…Et nous ?... Que faisons-nous pour l’imiter ? …Jurons de ne sortir d’ici que pour mourir !...
Les derniers combattants du Père Lachaise saluèrent une dernière fois leur général comme s’il était vivant. Les deux jours suivants, ils vont tous mourir, les armes à la main, défendant tombe après tombe.
Enfin, Jarosław Dombrowski fut inhumé "revêtu de son uniforme et enveloppé dans un drapeau rouge."
Les canons s’activèrent de plus belle et dès qu’il fit clair, la tragique journée du 24 mai s’ouvrait.
Le 18 février 1879, le propriétaire du caveau fit transporter le cercueil au cimetière d’Ivry ; mais en novembre 1884, la tranchée fut bouleversée si bien qu’on ne trouva aucune trace de sa dépouille. « Les boutons de la tunique. La plaque du ceinturon. Les débris du vêtement. Ceux du drapeau rouge ? Rien ». (Vuillaume, Maxime Mes cahiers rouges, La découverte, 2013). Nul ne sait ce qu’il est advenu des restes du général de la Commune.
Sources :
- Noël, Bernard : Dictionnaire de la Commune, Mémoire du Livre, 2020
- Europe, revue mensuelle n°64-65 mars-avril 1951 « la Commune de Paris »
- Cordillot, Michel « La Commune de Paris 1871 – Les acteurs, l’événement, les lieux » (Paris éditons de l’Atelier 2021)
- Vuillaume, Maxime : « Mes cahiers rouges » (Paris, éditions La découverte, 2013).
Incendie du Palais des Tuileries
Le Palais des Tuileries, construit en bordure de Seine, a été construit au XVIème siècle pour Catherine de Médicis. Agrandi au fil des années et des rois, notamment au XVIIème siècle par Henri IV, et réuni avec le palais du Louvre en 1857, ce Palais a connu des moments historiques français, comme lors de la Révolution française. Depuis 1789, il a été la principale résidence des rois et des empereurs de France. Napoléon III en avait fait le siège de son pouvoir et sa résidence officielle durant tout le Second Empire.
Sitôt mars 1871, la Commune prend possession du Palais des Tuileries, et dédie ce lieu à une série de fêtes et de concerts : des « concerts communards » eurent ainsi lieu dans le salon des Maréchaux. La tragédienne Agar y participa, grande actrice et soutien de la Commune.
Le 6 mai, le gouvernement de la Commune organisa un concert au profit des veuves et des orphelins des Fédérés. Le 10 mai, une soirée artistique fut organisée au profit des blessés de la Garde nationale. Le 18, trois concerts consécutifs eurent lieu, attirant une foule immense.
Fin mai, devant l'avancée des versaillais dans Paris, la décision est prise de brûler les monuments publics symboles du pouvoir.
Le 22 mai, plusieurs communards : dont Jules-Henri-Marius Bergeret, Victor Bénot, Étienne Boudin et Louis Madeuf - apportent dans le pavillon central de quoi incendier le Palais des Tuileries dans 5 fourgons : poudre, pétrole, goudron liquide et essence de térébenthine.
Le 23 mai, ils parcourent tous les appartements du palais en aspergeant les murs et planchers de pétrole.
Durant trois jours et trois nuits, du 23 au 26 mai, l’incendie ravagent le château des Tuileries et ses deux ailes.
Le communard Gustave Lefrançais écrit dès 1871 dans son Étude sur le mouvement communaliste à Paris en 1871 :
Oui, je suis de ceux qui approuvèrent comme absolument moral de brûler ce palais essentiellement monarchique, symbole abhorré d’un exécrable passé […], où tant de crimes antisociaux avaient été prémédités et glorifiés.
Le feu, se communiquant aux ailes par les pavillons de Flore et de Marsan, a menacé dangereusement le Louvre et ses collections.
Suite à la défaite de la Commune, le Palais des Tuileries devient un objet d’intérêt pour les touristes étrangers visitant Paris.
Alors que l'Hôtel de Ville, également incendié par les Communards, est vite reconstruit quasiment à l'identique, la décision est plus tâtonnante pour le Palais des Tuileries. En effet, que faire de ce Palais royaliste pour la toute jeune République ?
Dès 1872, de nombreuses pétitions et requêtes appuient la restauration du palais, intégralement ou dans sa majeure partie.
Mais finalement, décision est prise en juin 1882 de détruire les ruines restantes, les présidents de la Troisième République étant installés dans le palais de l’Élysée.. Charles Garnier est choisi pour piloter cette opération. En septembre 1883, il ne reste plus rien du Palais des Tuileries.