Élisabeth Dmitrieff est certainement la personnalité féminine russe la plus connue de la Commune.

A titre anonyme, la célèbre mathématicienne Sonia Kovalevskaia (1850-1891) s’est également dévouée à la cause de la Commune. Dans sa prime jeunesse, elle fut proche des nihilistes et de Dostoïevski.

Cette disciple chérie du mathématicien Weierstrass, spécialiste mondialement connue des équations aux dérivées partielles, qui reçut un grand prix de mathématiques de l’Académie des sciences de Paris enseigna (après que la Russie lui ait refusé, en tant que femme, un tel enseignement) les mathématiques à Stockholm (cette fois en dépit d’une campagne misogyne en laquelle, hélas, se distingua Strindberg). Cette éminente figure des mathématiques participa à la Commune au côté de sa sœur.

Sonia Kovalevskaia (1850-1891)              JACLARD Anna [née Korvin-Krukovskaja Anna Vassilievna] 1844-1887
Sonia Kovalevskaia (1850-1891) / JACLARD Anna [née Korvin-Krukovskaja Anna Vassilievna] 1844-1887

Cette dernière, Anna, était l’épouse de Victor Jaclard et, comme ce dernier, figure reconnue de la Commune, puisqu’elle fonda avec André Léo le journal La Sociale et participa à la Commission chargée de l’organisation et de la surveillance de «  l’Enseignement dans les écoles de filles  ».

Sonia avait publié en 1890 le récit Une nihiliste. Après sa mort prématurée, son amie Anne-Charlotte Leffler, publia en 1895 sa biographie. On y lit que Sonia voulait rendre témoignage de ses impressions et souvenirs durant la Commune par un roman intitulé Les sœurs Kajevsky pendant la Commune. Faute de ce livre précieux, l’auteur nous précise :

« elle voulait raconter une nuit dans une ambulance où sa sœur et elle firent le service des blessés, avec des jeunes filles rencontrées jadis à Saint Petersbourg et qu’elles retrouvèrent là. Pendant que les bombes éclataient de toutes parts, que de nombreux blessés arrivaient sans cesse, les jeunes filles causaient à voix basse de leur vie passée si différente de cette heure présente qui leur semblait tenir du rêve… ».

Et de camper ainsi Sonia :

«  les bombes tombaient autour d’elle sans lui causer la moindre frayeur, au contraire, son cœur battait de joie à l’idée de vivre en plein drame, en pleine histoire ».

Grâce soit rendue à ce généreux et noble cœur.

Gérard DA SILVA

NB : Tant les émouvants Souvenirs d’enfance de Sonia Kovalevskaia que sa Biographie par A-C Leffler sont reproduits sans le livre de J. Détraz, Kovalevskaia (Belin, 1993)

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