LOUISE MICHEL LA VIERGE ROUGE
Cette bande dessinée a l’originalité d’avoir été créée par deux auteurs anglo-saxons : Mary M. Talbot, auteure d’ouvrages qui révèlent son goût pour l’histoire et les combats féministes, et Bryan Talbot, écrivain, dessinateur de bandes dessinées, universitaire distingué, docteur honoris causa de plusieurs universités.
Ces auteurs imaginent une rencontre entre Charlotte Perkins Gilman, écrivaine et romancière américaine et une amie de Louise Michel, Monique.
Charlotte est résolument féministe et... « socialiste américaine », passionnée de fiction et pétrie d’utopie.
Monique évoque pour Charlotte les évènements qui ponctuèrent la vie de Louise Michel : le siège par les Prussiens et son cortège de misère (froid, faim..) ; l’incapacité du gouvernement provisoire ; l’Affiche rouge, l’épisode des canons, l’avènement de la Commune, les mesures sociales, la guillotine brûlée place Voltaire... son épilogue : le Sacré Cœur, « monument d’hypocrisie pour expier les « péchés » de ceux qui ont été massacrés » ; Louise Michel, sa droiture, son courage, sa fidélité aux plus humbles, sont une très belle trame pour cette BD.
Ses origines, traitées en quelques pages, ses combats politiques et sur les barricades, son féminisme puis, sous l’influence de Nathalie Le Mel, son glissement vers l’anarchisme, sont aussi abordés. Tous les dessins et textes nous présentent, en Nouvelle-Calédonie, une Louise Michel proche du peuple canaque (son attachement à Daoumi), et compatissante pour ces berbères et arabes matés en Algérie après leur révolte de mars 1871, puis envoyés au bagne.
Par ailleurs, grâce à cet ouvrage, nous faisons plus amplement connaissance avec les féministes et socialistes utopiques anglo-saxons, cités au fil de la BD par Charlotte : Édward Bellamy, Mary Bradley Lane, H. G. Wells et Bulwer Lytton.
Les notes de fin d’ouvrage de Mary Talbot et une très riche bibliographie complètent cet ouvrage.
Amateurs de bandes dessinées, cet ouvrage ne peut que vous séduire.
CLAUDE CHRÉTIEN
Mary M. Talbot et Bryan Talbot, Louise Michel. La Vierge rouge, Vuibert, 2016 19,90 €.
Louise, 11 ans, vit la Commune de Paris avec son père qui est facteur.
Elle est témoin des principaux évènements de la Commune, s’embarque fortuitement dans une montgolfière, seul moyen de transporter le courrier hors de Paris. Après la Semaine sanglante, elle réussit à s’échapper avec sa mère. Elle ne reverra son père, condamné au bagne, qu’en 1880, après l’amnistie.
Ce livre pour enfants est abondamment illustré et accompagné de documents d’époque commentés, en relation avec le texte. Ces documents relatent les grands évènements de la Commune, mais aussi les mesures les plus emblématiques.
C’est un très bon outil pour faire connaître la Commune aux enfants à partir de 8 ans !
MARIE-CLAUDE WILLARD
Didier Daeninckx (texte) et Mako (dessins), Louise du temps des cerises. 1871 : la Commune de Paris, Rue du Monde, 2012, 14,50€.
Roman pour adolescents
En 1869, ils sont quatre adolescents. Eulalie, en Normandie, en manque d’une mère trop absente, s’enfuit après avoir brûlé la plantation de sa grand-mère ; Evguéni s’évade d’un bagne tsariste où il était interné ; à Paris, Gisèle fuit un père alcoolique et brutal ; Eddie, jeune gallois qui grimpe aux arbres, rêve de journalisme.
Ils partent sans savoir qu’ils vont tous se rencontrer à Paris.
On est captivé par la description et l’évolution de ces quatre jeunes gens. On se laisse emmener par le parcours de ces personnes pendant les deux premiers tiers du livre. La dernière partie est plus décevante : on commence d’abord par penser qu’il va falloir un second livre, mais la guerre de 1870 et la Commune sont finalement expédiées en quelques lignes. Leurs pensées et dialogues deviennent trop actuels pour être crédibles. On retiendra cependant le beau travail de l’auteur concernant le portrait de ces quatre personnages.
JEAN-LOUIS GUGLIELMI
Shaïne Cassim, Camarades, L’école des loisirs, 2016, 16,50 €.
Nous devons nous féliciter que les actes du colloque organisé le 9 décembre 2015, à l’Hôtel de Ville de Paris, par les Amies et Amis de la Commune et le dictionnaire Maitron, à l’occasion du centenaire de la mort d’Édouard Vaillant, aient été aussi promptement publiés. Neuf contributions abordent, sous des angles différents, la personnalité et l’itinéraire d’Édouard Vaillant. Après les souvenirs familiaux d’Élisabeth Badinter, arrière-petite-fille de Vaillant, Claude Pennetier revisite la biographie de Vaillant. Puis viennent différents éclairages sur les engagements et l’œuvre de Vaillant : le communard et le proscrit (Laure Godineau) ; le « ministre » de l’enseignement et de la culture de la Commune (Jean-Louis Robert) ; le militant ouvrier du Cher (Michel Pigenet) ; l’élu parisien et le parlementaire (Marcel Turbiaux) ; le leader socialiste (Gilles Candar) ; l’internationaliste, familier de l’Allemagne et du SPD (Jean-Numa Ducange) ; enfin le socialiste républicain rallié à la défense nationale en 1914 (Vincent Chambarlhac).
D’où il ressort que, malgré sa longévité politique, le personnage de Vaillant reste méconnu et a souffert d’un relatif oubli. Son choix, en 1914, de se rallier à l’union sacrée est pour beaucoup dans l’effacement de sa mémoire.
Pourtant, de son vivant, le « Vieux » est considéré, aux côtés de Jaurès et de Guesde, comme le troisième homme du socialisme français, comme le père de la CGT.
Mais, médiocre orateur, il n’a pas leur aura et adopte un positionnement qui n’a pas favorisé de culte, ni auprès des communistes, ni auprès des socialistes ou des syndicalistes.
« On a enterré aujourd’hui Édouard Vaillant. C’était le seul représentant encore en vie des traditions du socialisme national français, du blanquisme qui alliait les méthodes extrêmes d’action, jusques et y compris l’insurrection, au plus extrême patriotisme (…). Son socialisme était profondément patriotique, de même que son patriotisme était tenté de messianisme » (Trotski, 22 décembre 1915).
On lira donc avec profit cet ouvrage facile d’accès et qui restitue la personnalité de Vaillant dans toute sa complexité.
Michel Pinglaut
Claude Pennetier et Jean-Louis Robert (dir.), Édouard Vaillant (1840-1915), de la Commune à l’Internationale, L’Harmattan, 2016, 210 pages, 22 €.