À  AUXERRE

La présentation du colloque disait : « Depuis la Fronde et la Révolution française, la chanson et la poésie sociales ont accompagné les irruptions périodiques de la foule dans la vie de la cité […] L’Yonne n’est pas restée imperméable à cette nouvelle culture. Elle a compté parmi ses enfants les poètes ouvriers Lapointe et Benoît-Voisin, ou encore le versificateur quarante-huitard Eudes Dugaillon, chef du parti « rouge » icaunais durant la IIe République. L’auteur de l’immortel Temps des Cerises, Jean-Baptiste Clément, a écrit dans l’Yonne nombre de ses chansons  ».

Au cours de la journée, se sont succédé Philippe Darriulat, président du colloque, sur le thème :

« Entre loisir, revendication et scène de genre. L’émergence de la chanson sociale au XIXe siècle » ;

Michel Cordillot, qui a dressé « des portraits croisés : le poète-cordonnier et le cordonnier-poète : Savinien Lapointe et Benoît-Voisin  » ; Denis Martin, historien indépendant, qui a traité de « chanter la Révolution de 1848  » ; Alain Chicouar qui a parlé de « Jean-Baptiste Clément : de la ritournelle icaunaise à la chanson sociale » ; Jean Buzelin qui a évoqué « Aristide Bruant ; le Paris d’un provincial  » ; Marcel Poulet, chercheur indépendant qui a retracé

« Fernand Clas – de son vrai nom Colas, mais qui ne voulait pas d’« eau » dans son nom –, chantre de la Puisaye et du pays poyaudin  » ;

pour finir, Vincent Chambarlhac qui a exposé

«  la chanson dans la propagande antimilitariste avant la Grande Guerre, autour du Pioupiou de l’Yonne  ».

Un vaste panorama cohérent, dans lequel la Commune a trouvé toute sa place. Une exposition s’est aussi tenue au théâtre d’Auxerre, avec de grandes affiches illustrées pour retracer l’ambiance des spectacles. Une très belle affiche : « la Commune de Paris, grand panorama  », avec barricade, fédérés et drapeau rouge, figurait parmi les documents.

 

À VIERZON

Le 18 décembre, quatre jeunes comédiens-chanteurs-instrumentistes ont interprété quatorze chansonniers, tous actifs du temps de Vaillant, en vingt-cinq textes. Là encore, la chronologie, en partant d’Édouard Vaillant, a balayé le XIXe siècle pour aboutir à la Chanson de Craonne de la Grande Guerre. Le montage, fort intelligent, a alterné textes connus et d’autres moins répandus. Pour la Commune, nous avons retrouvé avec plaisir Pierre Dupont (le Chant des ouvriersle Chant du pain), Gustave Nadaud (le Soldat de Marsala, qui évoque Garibaldi et son épopée des Mille en Sicile), Mme Jules Faure (la Marseillaise de la Commune), Jules Jouy (La veuve – surnom argotique de la guillotine – chanson écrite en 1887, qui rappelle la destruction par le feu de la dite guillotine, le 6 avril 1871, et Su’la Butte), Jean-Baptiste Clément (Le Capitaine « Au mur »La Semaine sanglante), Louise Michel (La chanson des Prisons, dite et instillée avec sensibilité par la comédienne Sandra Piquemal), Eugène Pottier (Elle n’est pas morte), Constant Marie (Le Père Lapurge),et l’enregistrement off des Copains du Chat noir de Jules
Vallès.

Nos quatre complices ont mis en scène chaque chanson ou poème dans un décor faussement hétéroclite, qui s’avère très utile, où des sièges deviennent barricades, et où les spectateurs suivent à chaque trouvaille. L’accordéon, instrument populaire par excellence, ou la guitare, soulignent la musicalité des chansons. Pierre Dubois d’Enghien, Camille Lamache, qui a aussi assuré la mise en scène, Kevin Mussard et Sandra Piquemal ont emporté notre sympathie, en sachant être aussi des trancheurs d’idées, en portant les mots-couperets contre l’injustice, le populisme, la guerre, la misère...

Le livret d’accompagnement est comme un grand frère conseilleur, pour nous remettre dans le bon sens de l’histoire, avec les biographies des quatorze chansonniers, des textes introductifs d’écrivains, une documentation sur Gentioux [3], une évocation de Steinlen, du « Chat Noir », des « hydropathes  » et du « Lapin Agile  ».

Tout ça n’empêche pas, Nicolas, qu’la Commune n’est pas morte, à Auxerre, à Vierzon...

MICHEL PINGLAUT

Des livres sur la chanson, en dépôt chez Les Amis berrichons de la Commune de Paris (réduction pour les Amies et Amis de la Commune) : Eugène Pottier, naissance de l’Internationale, de Pierre Brochon, Christian Pirot éd., 280 pages, 1997, 20 € (+ frais de port). Autour de la Muse Rouge - Groupe de poètes et chansonniers révolutionnaires, 1901-1939, de Robert Brécy, Christian Pirot éd., 256 pages, iconographie importante, 1991, 45 € (+ frais de port). Contacts pour commande : Michel Pinglaut, Association des Amies et Amis de la Commune 187146 rue des Cinq-Diamants 75013 Paris , courriel Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Notes

[1] « La Décale » est une salle de spectacle vierzonnaise que les Amies et Amis de la Commune de Paris qui étaient du voyage à Vierzon le 7 novembre ont pu découvrir lors du spectacle Ferrat-Leprest, en soirée.

[2] Le 18 décembre 1915 est le jour de la mort d’Édouard Vaillant, au 15, Villa du Bel Air, à Paris (XIIe). 18 décembre 2015, commémoration.

[3] Les Amis Berrichons de la Commune de Paris délèguent régulièrement leur vice-président Jean Annequin à Gentioux (Creuse) pour les cérémonies pacifistes.

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