C’est avec un plaisir mêlé d’émotion que j’ai franchi le seuil du tout récent Patronage laïque Jules Vallès [1], le 1er octobre dernier. Le Xve arrondissement n’est guère habitué à évoquer la Commune, ni à célébrer ses grandes figures.
Grâce à l’association ACTISCE en partenariat avec les Amies et Amis de la Commune de Paris-1871, représentés ce soir-là par notre président Jean-Louis Robert, les Amis de Jules Vallès et la Ligue des droits de l’Homme, un hommage a été rendu à Jules Vallès, et ce fut l’occasion de rappeler qu’après avoir été employé de mairie au bureau des naissances, il fut élu de la Commune, le 26 mars 1871, pour le XVe.
Devant une assistance nombreuse, les responsables des associations nous ont rappelé les qualités et les engagements de l’auteur de L’Insurgé, comme son attachement aux intérêts de l’enfance, sa sensibilité aux problèmes de l’éducation, son investissement auprès des plus pauvres, sa participation à la Commune de Paris, son témoignage sur l’exil et ses souffrances après la Commune, son opposition à la peine de mort, aux expéditions coloniales, aux discriminations des bohémiens, ses positions en faveur de la liberté de la presse… Vallès était un homme et un écrivain complètement immergé dans son temps.
Au cours de la première conférence, Paul Lidsky [2], des Amies et Amis de la Commune, a montré combien Vallès détonnait de la plupart des écrivains de son époque : les Gautier, Leconte de Lisle, Goncourt, Sand, Flaubert, Zola, Du Camp et bien d’autres qui ne présentaient pas la Commune comme un événement politique et voyaient les gens du peuple comme des ratés, des pillards, des monstres du cœur, des animaux féroces…
Vallès lui-même fut leur cible.
Lors de la seconde conférence, Cécile Robelin [3], des Amis de Jules Vallès, a placé l’écrivain et l’homme au centre de ses propos : elle a rappelé que Vallès n’était guère à la mode au XIXe siècle et qu’il a été mis au ban par les conservateurs ; elle a évoqué son engagement pendant la Commune, délaissant alors la plume pour combattre jusqu’au bout sur les barricades, puis son exil de presque dix ans. Jules Vallès était un défenseur de « la Sociale » et il a posé un regard politique sur le monde. Cette conférence passionnante, elle aussi, nous a été présentée en forme de duo avec le comédien Loïc Pichon qui a lu et interprété de merveilleuses pages choisies dans les ouvrages de Vallès.
La soirée s’est ouverte et conclue sur des chants entonnés avec enthousiasme par Malène, accompagnée de Fanchon à l’accordéon. Ce fut alors l’occasion pour nous tous de chanter avec elle L’Insurgé, La Commune n’est pas morte, L’Internationale et Le Temps des Cerises…
Un hommage ému, une célébration de la mémoire et des valeurs humaines du grand écrivain et du communard, des chants, presqu’une fête pour Jules Vallès : quelle soirée !
MICHÈLE CAMUS
[1] 72, Avenue Félix Faure, 75015 Paris ; tél : 01 40 60 86 00 ; patronagelaique.fr
[2] Auteur de Les Ecrivains contre la Commune, éditions La Découverte.
[3] Auteure d’une thèse sur le thème de la Désacralisation et sacralisation dans les fictions à caractère autobiographique de Jules Vallès, elle publie régulièrement sur cet auteur, in la Revue de littérature et de lectures vallésiennes ; autourdevalles.fr ; facebook.com/autourdevalles