La Maison de Victor Hugo a présenté l’automne dernier 300 caricatures de l’écrivain, sévères ou bienveillantes, de 1830 à 1885.

Victor Hugo est l’un des écrivains les plus caricaturés du XIXe siècle et l’un des plus admirés : la caricature n’est parfois que le versant satirique de la gloire. Hugo s’est toujours prêté à la caricature de bonne grâce.

En témoigne cette lettre de 1832 à son ami Antoine Fontaney :

Tout article est bon ! Pour bâtir votre monument, tout est bon ! Que les uns y apportent leur marbre, les autres leur moellon ! Rien n’est inutile !

La loi de février 1852 exigeait que le sujet d’un portrait-charge ait donné au préalable son accord pour être caricaturé. Hugo note ainsi dans son carnet, le 3 mai 1867 :

Carjat pour Le Masque, Gill pour La Lune, Pilotell pour Le Bouffon. Je reçois le même jour leurs trois lettres me demandant l’autorisation de faire ma charge. J’autorise.

Victor Hugo par Gill  - La Lune du 19 mai 1867, lithographie Estampe en couleursde Gill (CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey)
Victor Hugo par Gill - La Lune du 19 mai 1867, lithographie Estampe en couleursde Gill (CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey)

Conservateur du musée du Luxembourg à Paris pendant la Commune et ami de Daumier et de Courbet, André Gill est probablement le dessinateur le plus productif des années 1860 à 1880, comme le montre l’exposition. Gill ne cache pas sa vive admiration pour Victor Hugo. À la « une » de La Lune du 19 mai 1867, il dessine la tête d’un Hugo-soleil auréolé de rayons émergeant à la surface des flots et reprend en légende une phrase de l’écrivain :

Je veux toute la liberté, comme je veux toute la lumière.

L’aura d’Hugo va se ternir au moment de la Commune que, via le journal de ses fils et amis, Le Rappel, il ne soutient pas.

Après la Semaine sanglante, il va en revanche prendre fait et cause pour les communards pourchassés par Thiers, jusqu’à proposer de les héberger dans son appartement de la place des Barricades, à Bruxelles. Ce qui lui vaudra d’être expulsé de Belgique. A son retour en France, devenu sénateur en 1876, il ne cesse de réclamer l’amnistie pour les communards. Suscitant l’hostilité de la droite bourgeoise, monarchiste et catholique, qui se traduit dans la presse conservatrice par un regain de caricatures violentes. Le 28 février 1879, Victor Hugo prononce au Sénat un discours pour défendre une proposition de loi d’amnistie pour les communards :

Si vous acceptez la grande solution, la solution vraie, l’amnistie totale, générale, sans réserve, sans condition, sans restriction, l’amnistie pleine et entière, alors la paix naîtra, et vous n’entendrez plus parler de la guerre civile qui se ferme.

 

JOHN SUTTON

Exposition Caricatures : Hugo à la une. 13 septembre 2018-6 janvier 2019. Maison de Victor Hugo, place des Vosges. Catalogue, éditions Paris Musées, 2018.

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