Les Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 se sont retrouvés le samedi 18 mars, à 11h00, à la mairie du Xe arrondissement, pour célébrer le 146eanniversaire du début de la révolution de 1871. Ce parcours — de la mairie du Xe à la place de la République — était placé sous le signe de l’apport de la Commune à la démocratie sociale et à la démocratie politique.
À LA MAIRIE DU XE CES VOIX DE FEMMES.
Depuis les marches de la mairie, Valérie Martineau évoque les femmes de Paris sous le Siège et pendant la Commune. Elle rappelle la création, le 11 avril, de « l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés », et le rôle de ses dirigeantes : Nathalie Le Mel (relieuse), Elisabeth Dmitrieff (intellectuelle russe, proche de l’Association Internationale des Travailleurs), Marceline Leloup (couturière), Blanche Lefebvre (blanchisseuse qui sera tuée sur une barricade le 23 mai), Aline Jacquier (brodeuse), Thérèse Collin (chaussonnière), et Aglaë Jarry. Les femmes interviennent sur toutes les questions, et dans les clubs, notamment, elles exposent leurs revendications et prennent la parole comme les hommes.
Après cette intervention, le premier adjoint au maire du Xe arrondissement, Paul Simondon, nous accueille dans le hall de la mairie, devant la plaque en hommage à « L’Union des femmes ».
Puis, de la mairie du Xe arrondissement, notre cortège prend la rue du Château-d’Eau jusqu’à la place de la République, en chantant.
À LA BOURSE DU TRAVAIL LA DÉMOCRATIE SOCIALE.
Devant la Bourse du travail, Patrick Simon nous parle de la démocratie sociale sous la Commune. Car il s’agit d’un véritable bouleversement dans la « gestion des affaires de la Cité », et dans les rapports sociaux, aussi bien dans la Garde nationale qu’au sein des entreprises (agir sur le rapport de force entre travailleurs et patrons). C’est aussi la volonté d’égalité entre les citoyennes et les citoyens : « à travail égal, salaire égal ». Un autre exemple de l’exercice de la démocratie sociale est la réquisition des ateliers abandonnés et la volonté de les transformer en association coopérative des travailleurs.
- Rue Léon-Jouhaux
LE TIVOLI-VAUXHALL ET LA GARDE NATIONALE.
Rue Léon Jouhaux, en face du lieu où se trouvait le Tivoli-Vauxhall, Georges Beisson évoque cette salle de spectacle (doublée d’un café) qui accueillit de nombreuses réunions, notamment plusieurs sur le travail des femmes dès 1868. Mais, au moment de la Commune, c’est surtout l’activité de la Garde nationale qui prend toute la place.
En effet, c’est au Tivoli-Vauxhall qu’est créé, le 15 mars 1871, le Comité central de la Garde nationale [1] . Elle est l’aboutissement d’une longue histoire (de juillet 1789 à août 1871). Pendant la guerre franco-prussienne, plus de 300 000 hommes y sont mobilisés, devenant très vite une « milice populaire et républicaine ». Le Comité central de la Garde nationale coordonne l’action des 20 légions d’arrondissement (chaque arrondissement ayant deux délégués dûment élus) et des 215 bataillons qui constituent la Fédération. C’est le Comité central qui, au soir du 18 mars, appelle aux élections qui mènent à la proclamation de la Commune le 28 mars.
Il prend aussi plusieurs autres mesures urgentes et importantes. Ce n’est donc pas surprenant qu’après la Semaine sanglante, l’Assemblée nationale prononce la suppression définitive de la Garde nationale, le 25 août 1871.
Notre parcours du 18 mars se termine place Johann Strauss et non, comme prévu, devant la statue de Marianne, place de la République (à cause de l’état d’urgence et de la manifestation prévue l’après-midi par la « France insoumise »).
DELESCLUZE ET LA BARRICADE DU CHÂTEAUD’EAU.
Michel Puzelat relate, brièvement, l’itinéraire de cette grande figure de la Commune, mort sur la barricade du Château-d’Eau, à l’entrée du boulevard Voltaire, au soir du cinquième jour de la Semaine sanglante, le jeudi 25 mai 1871. Élu au conseil de la Commune par les XIe et XIXe arrondissements, « ce vieux jacobin fait la jonction entre la tradition républicaine issue de 1793, de 1830, de 1848, et les nouvelles générations révolutionnaires apparues sous le Second Empire ». Membre de la commission exécutive de la Commune, il est nommé, le 11 mai, délégué à la guerre. Et c’est à la tête des dernières troupes de Fédérés qu’il trouve la mort sur la barricade du Château-d‘Eau. N’oublions pas que « la haine que lui vouaient les Versaillais était telle, qu’ils le condamnèrent à mort par contumace en 1874 ». Il repose, aujourd’hui, au Père Lachaise, et c’est en 1924 que son nom fut attribué à une rue du XIe arrondissement de Paris.
LA RÉPUBLIQUE SOCIALE.
Pour terminer le parcours, toujours devant la statue de Johann Strauss, Jean-Louis Robert nous parle de ce qu’est la République « pour le peuple et par le peuple ». Il souligne que les communards défendaient la République, où ils voyaient les promesses d’une possible égalité.
Mais cette République ne pouvait être que sociale, une République où le travailleur recevrait le produit de son travail. La République sociale, la « Sociale », était alors la « vraie République ». Mais pour les communards, il ne s’agissait pas que de mots : « La république démocratique et sociale est l’égalité des droits et des devoirs réalisée ». Et l’on connaît l’importance de l’œuvre sociale de la Commune.
Jean-Louis Robert conclut en regrettant vivement que l’état d’urgence ne permette pas de développer in situ une comparaison des symboliques des deux grandes statues de La République, place de la République et place de la Nation.
MARC LAGANA
[1] Voir l’article d’Yves Lenoir, « La Garde nationale en 1870 et 1871 », La Commune, n°66, 2e trimestre 2016, p. 10-13.