Léo Frankel, ouvrier immigré hongrois et élu de la Commune

Du 16 au 22 octobre 2006, notre Association a participé, avec cinquante organisations, à une «votation citoyenne» pour demander le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales pour tous les étrangers résidant en France. Nous avons ainsi mis nos pas dans ceux des Communards de 1871.

En effet, si la Commune ne délibéra pas sur le droit de vote des étrangers, n’ayant pas organisé d’élections au cours de sa courte existence, elle eut en revanche à valider l’élection de Léo Frankel, ouvrier bijoutier de nationalité hongroise.

Le Comité central de la Garde nationale, installé à l’Hôtel-de-Ville de Paris le soir du 18 mars 1871, décidait de convoquer les électeurs pour élire le « Conseil communal de Paris » qui devait devenir, par contraction, le « Conseil de la Commune », puis simplement « La Commune ». Le scrutin se déroulait le 26 mars à partir des listes électorales établies par l’Empire pour son dernier plébiscite en 1870, lesquelles avaient servi pour les élections législatives de février 1871. Sur ces listes, ne figuraient ni les femmes ni les Parisiens de citoyenneté étrangère. Par conséquent, seuls les hommes de nationalité française ont pu participer au scrutin.

Léo Fränkel (1844–1895)
Léo Fränkel (1844–1895)

En revanche, au moins un étranger, Léo Frankel était candidat dans le XIIIe arrondissement et élu par quatre mille quatre-vingts citoyens. Devant cette situation inédite, la Commission de vérification du scrutin de la Commune fut amenée à répondre à la question suivante :

« Les étrangers peuvent-ils être admis à la Commune ? ».

Elle y répondit en ces termes :

« Considérant que le drapeau de la Commune est celui de la République universelle ; considérant que toute cité a le droit de donner le titre de citoyen aux étrangers qui la servent... La Commission est d’avis que les étrangers peuvent être admis et vous propose l’admission du citoyen Frankel. »

Ainsi, dans ce domaine, comme dans de nombreux autres, la Commune montrait l’exemple en considérant que les étrangers étaient des citoyens à part entière, mettant ainsi en avant son caractère démocratique et novateur. Elle ira plus loin encore en nommant Léo Frankel délégué à la Commission du Travail, dans les faits le premier ministre du Travail d’un gouvernement démocratique avec une importante participation ouvrière.

Le droit de vote et d’éligibilité des étrangers aux élections locales, objet de la « votation citoyenne » du mois d’octobre 2006, montre bien l’actualité et la modernité des idéaux démocratiques de la Commune.

Yves Lenoir

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