Le 26 février 1808, naissait à Marseille Honoré Daumier. La Bibliothèque nationale (1) célèbre ce bicentenaire par une passionnante exposition consacrée à l’œuvre lithographiée de l’artiste, présentée jusqu’au 8 juin.
Daumier fait ses débuts comme dessinateur politique dans La Caricature et Le Charivari, journaux d’opposition à Louis-Philippe, dirigés par Charles Philipon.
En 1832, il représente le roi en Gargantua, ce qui lui vaudra six mois de prison, évoqués dans Souvenir de Sainte-Pélagie. La gravure Rue Transnonain, le 15 avril 1834, qui le rendit célèbre, est une allégorie dédiée aux habitants d’un immeuble parisien, massacrés par la troupe, après qu’un coup de feu eut été tiré d’une fenêtre. Ce véritable tableau d’histoire s’impose comme un chefd’œuvre de l’estampe.
Les lois de septembre 1835 liberticides pour la presse l’obligent à se réorienter vers la caricature de mœurs. Le personnage de Robert Macaire, emprunté à l’acteur Frédérick Lemaître, et d’autres types de la société parisienne défilent sous les yeux amusés des lecteurs du Charivari. Le caricaturiste des mœurs de la Monarchie de juillet est au sommet de son art avec les grandes séries des années 1840 telles que Les Bas bleus, parodiant les femmes écrivains, Les Bons bourgeois, Les Locataires et propriétaires et Les Gens de justice.
La Révolution de 1848 redonne à Daumier la liberté d’exprimer ses idées républicaines dans la satire politique, grâce au personnage de Ratapoil, qui incarne le type de l’agent de propagande bonapartiste. La censure du Second Empire oblige Daumier à revenir à la caricature de mœurs. Un véritable reportage lithographique naît sous le crayon du dessinateur.
Ses scènes de théâtre et ses études de plein air témoignent de son talent à saisir, sur l’instant, les gestes et les expressions de ses contemporains. La proclamation de la République ramène Daumier à la satire politique. Comme dans Le Souffleur, publié dans Le Charivari du 7 février 1870, où Thiers est représenté en souffleur de théâtre du gouvernement d’Emile Ollivier. Daumier publiera une centaine de caricatures de foutriquet au cours de sa carrière.
À voir également le célèbre dessin : Epouvantée de l’héritage, paru dans Le Charivari du 11 janvier 1871. Au milieu d’un champ jonché de cadavres, l’année 1871, personnifiée par une pleureuse se voilant la face, porte le deuil des victimes de la guerre franco-prussienne.
Pendant la Commune, il se retire à Valmondois (Seine-etOise, aujourd’hui, Val d’Oise), où atteint de cécité, il ne peut plus dessiner. Le Michel-Ange de la caricature meurt le 11 février 1879.
JOHN SUTTON
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