Il y a cent ans, en 1902, mourait Émile Zola. Si tout le monde connaît ses romans imprégnés de socialisme, on sait un peu moins que pendant la Commune il était journaliste à Versailles, ayant épousé les thèses versaillaises.
Mais tout au long de sa vie, bien après avoir écrit et décrit des drames sociaux, il persistait dans ses attaques contre la Commune. Ainsi dans l’un de ses derniers romans : La débâcle, qu’on juge avec ces quelques extraits :
« il (le héros) désespérait les hommes, il la (la Commune), sentait incapable, tiraillée par trop d’éléments contraires, s’exaspérant, devenant incohérente et imbécile, à mesure qu’elle était menacée d’avantage. De toutes les réformes sociales qu’elle avait promises, elle n’avait pu en réaliser une seule, et il était déjà certain qu’elle ne laisserait derrière elle aucune œuvre durable. »
« Le grand effort social entrevu s’éparpillait, avortait ainsi, dans l’isolement qui s’élargissait d’heure en heure autour de ces hommes frappés d’impuissance, réduits au coups de désespoir. »
« Et le peuple ne vivait toujours que de la solde des gardes nationaux, ces trente sous que payaient maintenant les millions réquisitionnés à la Banque. »
« Les églises, fermées, se transformaient chaque soir en salle de club. Les seuls journaux révolutionnaires paraissaient, on avait supprimé tous les autres. »
« C’était l’épidémie envahissante, la soûlerie chronique, léguée par le premier siège, aggravée par le second, cette population sans pain, ayant l’eau-de-vie et du vin à pleins tonneaux, et qui s’était saturée, délirante désormais à la moindre goutte. »
À lire ou à relire… en n’oubliant jamais que Zola sut rejoindre Clémenceau en donnant, dans le journal de ce dernier, L’Aurore son fameux J’accuse de l’affaire Dreyfus.
Yves Pras