Lucien Félix Henry, est né à Sisteron le 22 mai 1850 à 4 heures, rue du Glisoir. Il est le fils de Toussaint André Henry, 44 ans et de Marie Suzanne Rosalie Élisabeth Laplane 27 ans.
On ne connaît pas grand chose de sa famille et de son enfance. Sa mère s'est retrouvée rapidement veuve et n'a aucune ressource.
Son frère aîné s'est engagé pendant la guerre de 1870 et il est décédé d'une maladie qu'il y aurait contractée. Son jeune frère né en 1858 est « frappé d'idiotisme ». Sa mère a en charge « une jeune fille dans un orphelinat ». L'un de ses oncles se prénomme Félix (« Tonton Félix »).
La montée à Paris
À 17 ans il arrive à Paris et fréquente le milieu des peintres, il sert chez un confectionneur de mannequins et pose comme modèle chez un professeur de dessin, Sabet et pour le peintre Pierre-Charles Comte (1). En janvier 1869 sur la recommandation de Comte, Gérome (2) le fait inscrire parmi ses élèves aux Beaux-Arts mais il ne peut suivre tous les cours car « il doit se créer des ressources en dehors de l'école ».
En 1870, il ne répond pas à l'appel sous les drapeaux dans les Basses Alpes et est déclaré insoumis mais il s'engage dans la Garde nationale.
Paul Delion (alias Paul Boudre) le décrit comme « un grand jeune homme aux cheveux châtains, longs et abondants, aux yeux bleus, au nez aquilin figure en somme fière et intelligente » (3). Il réside rue Saint-Médard dans le Ve arrondissement et il a pour maîtresse, une « sorte de fille publique qui a été cantinière dans un bataillon fédéré. »
Il milite dans les milieux blanquistes, par exemple au « Club Démocratique Socialiste du XIVe arrondissement », il participe avec Théodore Sapia (4) et Jules Martelet (5), au lancement du journal La Résistance (6) et assiste aux réunions du club de la Maison-Dieu dans le XIVe, chez un nommé Paysan.
Partisan de la Garde nationale
Lucien Henry est partisan de la « Commune » et déclare adhérer aux statuts de la Fédération de la Garde nationale élaborés dans des réunions préparatoires les 15, 16, 17 et 18 février au Tivoli-Vauxhall, 16 rue de la Douane et 19, 20 février chez Courty (7) le président provisoire et adoptés le 24 février par 2000 délégués représentant 200 bataillons à la salle Vauxhall. Une Commission provisoire fonctionne depuis le 15 février qui prend un certain nombre de décisions, par exemple de rassembler les canons et de les mettre à l'abri.
Le 3 mars, au cours d'une assemblée présidée par Bergeret (8) et devant laquelle Arnold (9) délégué du Xe fait l'exposé de l'action de la Commission provisoire depuis le 24 février, un Comité exécutif provisoire est élu qui prend le titre de Comité central. Le même jour, le gouvernement nomme le général d'Aurelle de Paladines (10) au commandement en chef de la Garde nationale, cette mesure est évidemment très mal accueillie et entraîne une proclamation du Comité central le 4 mars.
Le 7 mars, Lucien Henry préside une réunion de gardes nationaux au club du 10 de la rue de la Maison-de-Dieu au cours de laquelle il propose une plateforme d'engagement pour les candidats à la délégation au Comité central les soumettant à « un mandat impératif » pour « défendre la Révolution », la mort étant promis « à tout prétendant, protecteur ou propagandiste de la monarchie » et il est rappelé que « le droit d'association est garantie par la Révolution ». La plateforme indique en conclusion que les candidats doivent être « socialistes, démocrates et révolutionnaires ». Cette position est largement approuvée par les participants et adoptée par le Conseil de la légion du XIVe (11).
Le 10 mars, une nouvelle assemblée de délégués adopte une proclamation réaffirmant le caractère libre et démocratique de la Garde nationale, lance un appel à l'armée régulière l'invitant à fraterniser et refuse toute autorité au général d'Aurelle de Paladines. L'assemblée invite le Comité provisoire à
« provoquer dans le plus bref délai la mise à exécution et le fonctionnement des statuts, de manière à ce que, sortant du provisoire, la Fédération soit enfin constituée d'après le principe tutélaire du suffrage universel. »
La réunion du 11 mars
C'est dans ce contexte que le 11 mars, se tient une assemblée générale des délégués de la Garde nationale du XIVe avec pour ordre du jour, l'organisation de la Garde nationale dans l'arrondissement, la désignation d'un état-major et d'un chef de légion, la nomination d'une commission militaire (12).
La réunion est présidée par Félix (13), les assesseurs sont Charbonneau (14) et Descamps (15) (orthographié Decaen) et le secrétaire, Sapin (16). Duval (17) pour la légion du XIIIe et les chefs de huit bataillons sont présents.
Un premier problème de procédure est soulevé par Langlais (18) pour savoir si un délégué
« a le droit de faire une observation de sa place. Le citoyen Henry affirme ce droit. Un vote de l'assemblée le confirme à l'unanimité. »
La commission provisoire de la Garde nationale suite à l'adoption des statuts le 24 février a été chargée de préparer l'élection d'un comité central définitif. Or il semble que certains délégués du XIVe sont hostiles et expriment un certain nombre de désaccords avec les statuts et la mise en place du Comité central.
Billioray (19) rendant compte de la dernière réunion du comité provisoire
« fait valoir le peu de confiance que ce comité doit nous inspirer et motive sa démission par la teneur des statuts qui sont complètement réactionnaires, il termine en disant qu'il est impossible de remplir un mandat républicain, socialiste et révolutionnaire avec de pareils éléments ».
Il ajoute
« que ces mêmes membres ont dû se faire nommer à nouveau et apparaîtront au sein du comité définitif. Il ajoute que jeudi il sera trop tard. Il repousse l'admission au Comité des Chefs de bataillon et ne veut pas d'élections à 5 ou 6 degrés. »
Avoine fils (20)
« déclare donner sa démission pour les mêmes motifs que son collègue le citoyen Billioray [...] »
Ledux (ou Ledrux) (21) proteste contre les démissions et déclare
« qu'il faut que le comité central se constitue à la hâte, provoque une Assemblée générale et fasse disparaître par ce fait le comité provisoire qui n'a pas notre confiance et ne le mérite pas. »
« Le citoyen Henry dit que nous sommes édifiés sur les membres du Comité et que nous devons parer immédiatement aux événements en nommant un chef de légion comme le XIIIe arrondissement. Il engage l'assemblée à maintenir les pouvoirs de ses deux délégués Billioray et Avoine fils et à agir de suite en n'attendant pas la trahison de M. Arnold et consorts. Il propose :
1° - De maintenir les pouvoirs des deux délégués pour qu'ils ne trempent en aucune façon dans les mains du Comité central actuel.
2° - La nomination d'un État-Major dans le 14e arrondissement. Remettre les forces dans les mains d'un seul et faire appel aux autres arrondissements pour qu'ils agissent de la même façon. »
Après un débat entre Suresne (22) er Billioray, ce dernier propose
« de conserver son mandat ainsi que son collègue si on repousse les statuts. »
Cette proposition est approuvée à l'unanimité.
Lucien Henry propose alors
« la nomination d'une commission de dix membres pour prévenir les divers arrondissements qu'il faut élire les membres du comité central et agir immédiatement. »
Charbonneau fait une autre proposition en déclarant
« que cela peut se faire par la voix des deux délégués au Comité central »
et c'est cette proposition qui est retenue.
Billioray propose alors l'élection d'un chef de légion et Duval explique comment cela a été fait dans le XIIIe arrondissement.
Deux candidats Henry et Descamps sont proposés mais ce dernier se désiste en faveur du premier.
« Le citoyen Henry est proposé. Il est jeune, ardent, républicain sincère, révolutionnaire énergique, nul ne remplit mieux que lui les conditions exigées. »
Sa candidature est soutenue par Avoine fils.
Il est nommé chef de légion du XIVe (23) à l'unanimité « au cri de Vive la République » et une commission militaire de huit hommes est désignée : Hébert (24), Charbonneau, Roquejoffre (25), Ledrux, Dieu (26), Verret (27), Dusleau (ou Dursaut ?) (28), Julien (29).
Lucien Henry conclut la réunion en demandant « 25 hommes pour 7 heures du soir » et en convoquant les « délégués pour lundi, à midi pour entendre le rapport du chef de légion et des délégué au Comité central. »
Chef de légion
Le 11 mars au soir, il s'installe de manière permanente dans un poste qu'il a établi sans autorisation, 91 rue de la chaussée du Maine. Sollicité par le maire de quitter les lieux, il refuse en disant
« qu'il ne reconnaissait pas son autorité, qu'il avait la force pour lui et qu'il s'en servirait »
Le 14 mars, en qualité de chef de légion, il invite « certains officiers » à faire procéder à l'élection de délégués au Comité central de la Garde nationale et les convoque au club de la Maison-Dieu pour le jeudi 16 mars. La convocation est signée : « le chef de légion Henry ». Cette convocation le mer en conflit avec un chef d'escadron d'état-major de la Garde nationale, commandant du 8e secteur, Lunel, qui fait savoir dans un ordre du jour communiqué aux bataillons des VIe er XIVe arrondissements que
« les officiers qui donneraient leur adhésion à un ordre quelconque du soi-disant chef de légion de l'arrondissement, nommé par les délégués d'un comité central illégalement constitué serait privé de leur solde. »
Le 15 mars au Vauxhall, une nouvelle assemblée de 1325 délégués de la Garde nationale représentant 215 bataillons vote les statuts, élit comme général, Garibaldi à la place d'Aurelle de Paladines et nomme le Comité central définitif, Billioray pour le XIVe en est membre.
Le 16 mars, Henry fair afficher une proclamation ayant pour objet de démontrer l'utilité du Comité central et la nécessité de « maintenir dans toute son intégrité la Garde nationale. » Quelques unes de ces affiches sont arrachées par les commissaires de police, Thomas de Colligny et Honorat.
Dans la nuit du 17 mars, averti « sans doute qu'un mandat d'arrestation était lancé contre lui », il se rend accompagné d'une escorte au club de la rue de la Maison-Dieu dont toutes les issues sont gardées par des « factionnaires » et « où personne ne pouvait pénétrer sans un mot d'ordre donné. »
Le 18 mars : « Il fait aborder le drapeau rouge »
Le 18 mars au matin, des barricades sont construites « sous ses ordres » et il les « fait armer de pièces de canons ». Des gendarmes qui passent par la chaussée du Maine sont arrêtés, malmenés et amenés devant Henry qui les fait libérer après avoir confisqué leurs armes. Des voitures sont fouillées et des convois de munitions sont pillés sous sa direction.
Vers quatorze heures, le poste de l'ancienne barrière d'Enfer et la gare de Sceaux sont occupés.
Dans l'après-midi, Lucien Henry « coiffé d'un chapeau garibaldien et ceint d'une écharpe rouge » à la tête d'une bande de fédérés s'installe à la mairie du XIVe déjà envahie par des insurgés, il fait procéder à l'arrestation de Thomas de Colligny et de Honorat à qui il reproche d'avoir empêché l'avant veille, l'affichage des actes du Comité central, il les traite de « mouchards » et de « vermines ». L'ordre d'arrestation est signé : « Général Henry, chef de légion ».
Le lendemain, 19 mars, Thomas de Colligny affirme que Henry, accompagné de 5 ou 6 hommes est venu lui offrir de le remettre en liberté avec « une belle position » s'il consentait à « servir leur cause ». Devant son refus, Henry aurait affirmé « qu'il ne l'oubliera pas » et « qu'il le fera soigner ». Thomas de Colligny est écroué à la Santé dont il ne sortira que le 24 mai. Honorat est remis en liberté une dizaine de jours après son arrestation « grâce à un malentendu ». Le même jour, Henry tente de convaincre un détachement d'infanterie de se joindre à l'insurrection et devant son refus, procède au désarmement des hommes tout en leur accordant un laissez-passer.
0rganisateur
Les jours suivants, il obtient d'un capitaine d'armement au 46e bataillon pendant le 1er Siège, Lespinasse, la livraison des armes qu'il avait conservées. Il fait afficher un avis enjoignant à tous les détenteurs d'armes et de munitions d'en faire immédiatement le versement à la mairie.
Il fait partie de la Commission provisoire du XIVe qui comprend également : Avoine fils, Julien, Boyer (30), Florent (31), Garnier (32), Hourtoule (33), Jules Martelet, Pérève (34) et Pouget (35). On trouve son nom au bas de plusieurs affiches, par exemple le 22 mars, ordonnant
« aux Chefs de Postes de faire des rondes de deux heures en deux heures, de procéder à l'arrestation des teneurs de jeux sur la voie publique, de confisquer l'argent dont ils seraient détenteurs au profit des indigents »,
le 25 mars, condamnant la dégradation et l'appropriation de matériaux appartenant à l'État : (texte de l’affiche)
« de mauvais citoyens poussent l'indélicatesse jusqu'à dégrader et même s'approprier du bois, des planches, du plomb, du fer et autres matériaux appartenant à l'État [...] ».
Le 20 mars, il prescrit au chef de la gare de l'Ouest de ne laisser passer aucun militaire même muni de papiers.
Le 21, il se rend à la gare à cheval et y installe un poste de garde. Il visite les trains, saisit des armes et empêche les voyageurs de se rendre à Versailles.
Le 28, se tient une réunion des délégués des compagnies de la XIVe légion. On ne possède pas le procès-verbal de la réunion, on sait seulement que Charbonneau insiste sur l'action du Comité central pour empêcher les soldats de l'armée régulière de gagner Versailles et il les invite à
« à retourner dans leur foyer pour cultiver la terre qui en a tant besoin. »
Cette mesure est mise en application puisque le 30 mars, Henry remet au chef de gare l'ordre du Comité central suivant :
« Faire arrêter tous les trains se dirigeant sur Paris à Ouest-Ceinture ; mettre un homme énergique avec un poste nuit et jour ; cet homme devra avoir une poutre pour monter la garde ; à l'arrivée du train, il devra (le) faire dérailler s'il ne s'arrête pas. »
D'après un témoin, Henry lui-même donne l'ordre de faire dérailler les trains s'il y a lieu.
Le 2 avril, il se rend au fort d'Issy pour s'assurer de la distribution des munitions.
Châtillon, le 3 avril : l’arrestation
Le 2 avril, les troupes versaillaises lancent une offensive par surprise sur Courbevoie. Personne ne s'attendait à cette attaque et la Commission exécutive (36) décide d'une contre-offensive pour le 3 au matin. Les Fédérés sont répartis sur trois colonnes, Bergeret et Flourens (37) à droite, Eudes (38) au centre et Duval à gauche qui attaque sur Châtillon.
Le 3 avril au matin, Lucien Henry réunit sur la place de la mairie toutes les compagnies de marche de la légion et engage ses bataillons au côté de Duval aux combats de Châtillon.
Les deux premières colonnes de Bergeret et Eudes ayant rapidement abandonné, Flourens étant tué, Duval et ses troupes sont encerclés et ils doivent se rendre. Les Versaillais fusillent Duval, Lecœur, commandant du 103e bataillon et Mauger, officier du 103e bataillon. Les survivants dont Henry et Élisée Reclus (39) sont emmenés à Versailles et promenés sous les insultes et les coups. On possède une lettre d'un témoin qui a vu Henry le 5 avril (40) :
« Paris le 5 avril 1871,
Aux membres de la Commune de Paris
J'arrive encore tout ému, indigné des faix horribles que j'ai vus de mes yeux. Les prisonniers sont reçus à Versailles d'une manière atroce, ils sont frappés sans pitié. J'en ai vu des sanglants, les oreilles arrachées, le visage et le cou déchirés comme par des griffes de bêtes féroces. J'ai vu le colonel Henry en cet état et je dois ajouter à son honneur, à sa gloire, que méprisant cette bande de barbares, il est passé fer, calme marchant stoïquement à la mort. [...]
Barrère (41a)
Ironie de l'histoire, le 4 avril, l'affiche suivante est placardée sur les murs du XIVe :
Mairie de l'Observatoire XIVe
L'existence de la République est en danger. Ordre est donné à tout citoyen de suspendre provisoirement le travail pour courir aux armes et repousser les chouans qui viennent nous attaquer.
Tout citoyen qui ne se conformerait pas à cet ordre serait regarder comme traître à la République et passible des peines réservées aux traîtres.
Tout ce qui n'est pas avec nous est contre nous
Le chef de Légion Henry Lucien
Pour les membres de /a Commission Pouget »
La condamnation
Paul Delion rapporte que le bruit de son évasion aurait couru et qu'il est en attente de jugement à Belle-Ile.
Il est traduit devant le 19e Conseil de guerre. Douze chefs d'inculpation sont retenus contre lui :
« Avoir dans un mouvement insurrectionnel,
1° - porté les armes apparentes étant revêtu d'uniforme militaire
2° - occupé une maison habitée avec le consentement du propriétaire pour faire attaque ou résistance envers la force publique
3° - saisi des armes et munitions par le pillage des magasins de l'État et par le désarmement des agents de la force publique
4° - provoqué comme complice à l'envahissement à l'aide de violence et menace d'une maison d'habitation ou servant d'habitation (le commissariat de police du XIVe arrondissement)
5° - envahi un édifice public (mairie du XIVe arrondissement)
6° - fait ou aidé à faire des barricades
7° - provoqué ou facilité le rassemblement d'insurgés par la distribution d'ordres, de proclamations ou par le port d'un drapeau
8° - volontairement employé comme chef d'une réunion séditieuse avec rébellion un moyen pour entraver la marche des convois, de faire sortir des rails
9° - commis un attentat dans le but soit de charger ou détruire soit d'exciter à la guerre civile
10° - exercé un commandement dans les bandes armées 11° - s'être rendu complice d'arrestation, détention et séquestrations illégales l'une des dites détentions avant duré plus de un mois
12° - commis le crime d'embauchage en provoquant des militaires à passer aux rebelles armés.
(application des articles 5, 6, 7, 8, 9 de la loi du 24 mai 1834, 16, l7 de la loi du l5 juillet 1845, 59, 50, 87,9,96 , 341, 342 du code pénal, 5 de la loi de 1848, 1er de la loi du 16 juin 1850, 208, 187, 135 et 267 du code de justice militaire.) »
Lucien Henry se défend en disant qu'il a
« accepté le grade de chef de légion qu'à la suite de pressantes insistances ct qu'à la condition qu'il lui serait adjoint une commission militaire pour le diriger et sanctionner ses actes. »
Il ajoute
« qu'il n'aurait eu l'initiative d'aucune mesure et n'aurait été que l'exécutant. Il n'aurait joué qu'un rôle peu important sur le champs de bataille de Châtillon. »
Il est condamné à mort par le 19e Conseil de guerre le 18 avril 1872.
Sa mère vient à Versailles pour arracher sa grâce et obtient l'intervention de quatre parlementaires, Michel, de Ventavon, Du Chaffaut et Allemand (41b). Il est gracié le 21 mai, sa peine est commuée en déportation en enceinte fortifiée, le 22 juin.
Selon Gaston Da Costa, Henry est enfermé avec lui et une dizaine de condamnés, vers la fin juin 1872, rue de Noailles à Versailles, dans « deux caves de la caserne éclairées par deux étroits soupiraux." (42).
La déportation
Lucien Henry est probablement interné au fort de Quelern, au sud de la rade de Brest, en effet son nom ne figure pas sur la liste des internés de l'arrondissement de Rochefort établie par Louis Bretonnière et Roger Pérennès (43), or seuls des internés originaires de ces deux lieux ont été transportés par Le Var comme nous allons le voir. Parmi les fédérés internés à Quélern, se trouve Élisée Reclus arrêté en même temps que lui et qui laissera plusieurs témoignages sur son séjour.
Il est déporté en Nouvelle-Calédonie par Le Var (matricule 480) (44). 254 communards embarquent à Brest le 27 septembre 1872. Le 29, le bateau prend la direction des Trousses où il embarque 325 déportés détenus dans l'arrondissement maritime de Rochefort. Le 10 octobre. Il lève l'ancre sous la conduite du capitaine de frégate Lemosy. Le 27 octobre, il arrive à Gorée au Sénégal pour une première escale de trois jours. Le 16 novembre, il est au large du Brésil, 124 personnes sont atteintes du scorbut et un déporté est décédé. Le 24 novembre, Le Var fait escale près de l'île de Santa-Catarina, trois hommes tentent une évasion, deux sont repris, un autre se noie. De nombreux transportés sont malades. Le 4 février 1873, le navire est au large de Sydney en Australie, il arrive à Nouméa le 9 février 1873.
En Nouvelle-Calédonie
Comme condamné à la déportation en enceinte fortifiée, il se retrouve à la presqu'île Ducos. Il entreprend une activité artistique pour avoir « un droit de cité dans la République des Arts » et s'exerce « beaucoup à faire le portrait à l'huile ». Selon ses propres mots :
« J'en ai plusieurs sur le chevalet et je suis en train de faire un tableau tiré de l'enfer de Dante, Françoise (Francesca) de Suimini. »
Il érige le mausolée à Emma Piffault (45) et présente à l'exposition de Nouméa des 16 et 17 mars 1876, un tableau intitulé « Hamlet et le fossoyeur » qui reçoit la mention honorable et dont il estime la valeur à 5000 F. Il le présente avec un autre à l'exposition intercoloniale de Sydney de 1876 et obtient un prix.
Bien qu'il indique à sa mère, « je ne gagne rien ou du moins presque rien en fait d'argent » il lui « envoie mensuellement une partie du produit de ses travaux ».
Son casier de déportation mentionne qu'il a un « caractère doux et soumis », qu'il est « animé d'un bon esprit », a « une bonne conduite » et de « bonnes fréquentations » et qu'il est de « bonne moralité ».
Il est indiqué qu'il est « atteint de phtisie pulmonaire très avancée ».
Pour avoir manqué l'appel en août et en octobre 1874, il est condamné respectivement à un et huit jours de prison.
Sa mère avec qui il correspond (on trouve dans son dossier une lettre de la presqu'île Ducos du 12 juillet 1876), envoie de Marseille, deux lettres de demande de grâce le 8 avril et le 21 juin 1876, les demandes sont appuyées par des interventions de parlementaires, Thourel (46), de Ventavon. Lui-même demande sa grâce le 19 juin 1876 en écrivant qu’
« Il espère que sa conduite pendant les années qui viennent de s'écouler lui sera un titre à la clémence qui doit atteindre ceux qui comme lui ont amèrement regretté d'avoir été mêlé à l'insurrection parisienne. »
Elle est d'abord rejetée par deux fois, le 1er juillet 1876 et en avril 1877. Il est proposé à la remise entière de sa peine, par l'administration pénitentiaire le 17 décembre 1878, qu'il obtient le 1er janvier 1879. Il est amnistié le 15 janvier suivant. Il est autorisé à résider en Nouvelle-Calédonie. Il décide de se rendre en Australie.
Un grand artiste australien
Deux raisons peuvent expliquer le départ de Lucien Henry vers l'Australie :
- En déportation il a mûri, il s'est forgé un projet professionnel, dans la lettre à sa mère du 12 juillet 1876, il écrit :
« [...] c'est en forgeant qu'on devient forgeron et je finirais quelque beau jour par me réveiller si non avec un talent, à nul autre pareil du moins un droit de cité dans la République des Arts ».
Sa réussite aux expositions de Nouméa et de Sydney, lui ont fait connaître l'Australie et les possibilités qu'elle offre :
« [...] je m'étais dit que si je restais en Australie au jour où je serai libre ce ne serait qu'au cas où dans quelques années je pourrais amasser de quoi nous faire un nid comme nous le rêvons tous les deux [...] »
- La seconde raison est certainement la veuve du Dr Rastoul (47), Juliette Lopez (ou Lopes) née Lebeau qu'il épouse à Sydney, le 6 janvier 1880 selon le rite presbytérien. Nous ignorons totalement les circonstances de leur rencontre, nous savons seulement qu'elle est expulsée de Nouvelle-Calédonie avec son fils et sa fille en 1874 après l'évasion de Rochefort, elle arrive à Sydney, le 19 août 1874 par Le Egmont. Se sont-ils rencontrés en Nouvelle-Calédonie ? Ont-ils correspondu ? Nous ne le savons pas.
Il participe à de multiples activités artistiques et devient enseignant de modelage et de dessin d'abord à la Sydney Mechanics' School of Art puis en 1883 au Sydney Technical College. En 1884 il gagne 250 £ par an pour un enseignement de « Geometry, Perspective, Freehand, Drawing and modelling » plus une partie des frais de scolarité des étudiants ; en 1886, il réclame une augmentation de salaire pour son travail d'enseignement et de préparation et donne aussi des cours privés. Il intervient dans de nombreuses conférences et expositions. En 1888, il est l'un des organisateurs et participant actif de l'Exposition internationale de Melbourne. Il est l'un des fondateurs en 1884 de la Art Society of New South Wales et reconnu comme l'un des premiers utilisateurs d'un motif de décoration tirée d'une plante australienne, le waratah et en général de l'utilisation de la flore et de la faune australienne comme motif de décoration. Il est l'auteur notamment des vitraux de la mairie de Sydney représentant le Capitaine Cook et du chandelier qui décore le Australia Hôtel de Sydney. Poursuivi pour bankruptcy par son beau-fils sous l'influence de sa mère qui a aussi intenté une procédure de divorce contre lui, le 25 mai 1891, il part pour Paris après un grand banquet organisé en son honneur et se remarie avec une de ses élèves, Fanny, (ou Francis) Harriet Broadhurst âgé de 28 ans.
Le retour en France
Il publie The Legend of the Waratah [Paris], Neal (1891) - 56 p., dédié à un syndicaliste australien, Fred J. Broomfield. Le couple s'installe à Saint Léonard dans la Haute Vienne dans une maison située en haut du chemin du Pavé. Sa femme accouche d'un garçon prénommé Harry-André, le 17 juin 1892 mais décède 10 jours plus tard. Il se rend à Londres en 1894 puisqu'il y dépose un testament (annulant un précédent testament de 1893) chez M. Mills Sollicitor, 4 Chancery Lane, qui fait de son fils son légataire universel.
Sa mort et sn succession
Il achète une concession au cimetière et une maison, rue Aumonière à Ménouard. Il décède à son domicile, le 10 mars 1896. André Constant, cafetier à Saint Léonard est désigné comme tuteur de son fils. La valeur de la succession est estimé 84942, 69 F pour les meubles (auxquels il faut retrancher un débit de 849,60 F pour des titres vendus avant son décès et ajouter les revenus de location de sa maison estimés à annuellement à 300 F).
Plusieurs de ses créations sont exposées au Museum of Applied Arts and Sciences ct au Powerhouse Museum de Sydney.
Son fils
Harry-André Henry s'est rendu en Australie. En 1928, il publie avec deux autres auteurs un ouvrage juridique sur l'infraction de « bankruptcy » (en souvenir de son père ?) (48). Il décède à Sydney le 4 juin 1962.
Pierre-Henri Zaidman . Article paru dans Gavroche, revue d'histoire populaire N° 114, novembre-décembre 2000.
Gavroche est une revue d'histoire populaire trimestrielle créée en 1981. La revue a cessé d'être publiée depuis le numéro 166 d'avril-juin 2011. La totalité de la revue Gavroche a été mise en ligne sur le site http://archivesautonomies.org/spip.php?rubrique263
Notes :
(1) Pierre-Charles Comte, 1823-1895, élève de l'école des Beaux-Arts à Lyon puis à Paris.
(2) Jean Léon Gérome, 1824-1904, sculpteur et peintre.
(3) Paul Delion - Les membres de la Commune et du Comité central - Alphonse Lemerre (1871) - 446 p. (p. 338).
(4) Théodore Emmanuel Sapia, né en 1838, blanquiste, il collabore à La Patrie en Danger et fonde la Ligue républicaine de Défense nationale à outrance (Henry semble y avoir adhéré). Délégué au Comité central des Vingt arrondissements et signataire de la seconde Affiche Rouge, il est tué place de l'Hôtel-de-Ville lors de l'émeute du 22 janvier 1871.
(5) Jules Martelet, né en 1843, peintre en bâtiment, membre de l'Internationale, élu du XIVe arrondissement à la Commune, il se réfugie en Suisse.
(6) La Résistance (organe démocrate et socialiste. Journal de la Ligue Républicaine) eut 12 numéros du 4 novembre au 19 décembre 1870. Selon Robert Le Quillec: "Le n°1 était sous-titré "Organe démocratique et social du 14 arrondissement". Le journal étend son action à toute la capitale sous l'impulsion de Sapia, mais demeure toujours partisan de la "lutte à outrance". Sa rédaction est hétéroclite ; aucun article n'est signé. Il soutiendra la candidature de Blanqui à la mairie du XXe arrondissement."
(7) Le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier de Maîtron ne donne aucun renseignement sur ce Courty, on sait qu'il est commerçant et domicilié, 169 rue de Turbigo dans le IIIe.
(8) Jules Henri Marius Bergeret, né en 1830, sert dans l'armée pendant 14 ans puis travaille comme placier en librairie et correcteur d'imprimerie, capitaine au 8e bataillon pendant le Siège, il est membre du Comité provisoire, puis du Comité central et est désigné comme chef de la XVIIIe légion, il est ensuite élu par le XXe à la Commune et fait partie de la Commission exécutive.
(9) Léon Georges Arnold, architecte, sous-inspecteur des travaux de la Ville de Paris de 1864 à 1871, membre de la Garde nationale sous le Siège, 34 ans en 1871, secrétaire du Comité central et membre de la Commune, élu du XVIIIe arrondissement, il arrive en Nouvelle-Calédonie le 4 mai 1873 par L'Orne, il tente une évasion en 1874 et est condamné à 10 mois de prison, il continue son métier en détention et obtient un prix. Après l'amnistie, il devient architecte de la Ville de Paris.
(10) Général Louis Jean Baptiste d'Aurelle de Paladines, 1804-1877, militaire, il participe à toutes les campagnes du règne de Louis-Philippe et de l'Empire, élu dans deux départements le 8 février, il est nommé au commandement de la Garde nationale.
(11) La légion du XIVe comprend les 46e, 103e, 104e, 136e, 146e, 202e, 217e et 243e bataillons de la Garde nationale plus deux unités "franches", "Les Volontaires de Montrouge" et "Les Éclaireurs de Montrouge".
(12) Le procès-verbal de la réunion trouvé dans les papiers de Charbonneau est reproduit par René Rousseau dans Les oubliés de la Commune. Pierre Charbonneau; Jules Martelet. Présentation de René Rousseau. Avant-propos de Marcel Cerf - Éditions ICG (1994) - 152 p. (p. 27-30).
(13) Jacques Léon Félix, menuisier, responsable du service des munitions dans la légion du XIVe, il est condamné en même temps que Henry à la déportation en enceinte fortifiée.
(14) Pierre Charbonneau, alias Sauvêtre, 41 ans en 1871, menuisier, membre de l'Internationale, il appartient au 109e bataillon et habite rue St Jacques, il arrive en Nouvelle-Calédonie le 2 novembre 1872 à bord de La Guerrière (matricule 138), Charbonneau est connu pour la querelle et le duel qui l'ont opposé à Ducos près du cimetière, à Henri Bauër, l'histoire est rapportée par Bauër lui- même dans Les Mémoires d'un jeune homme (Charbonneau - Carbonnel) et dans L'Echo de Paris. Les témoins de Charbonneau furent Renard et Mair.
(15) Baptiste Descamps, né en 1836, ouvrier mouleur, sergent-fourrier pendant le Siège, élu du XIVe au Conseil de la Commune, il est acquitté par le 3e Conseil de guerre.
(16) Le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier de Maîtron ne donne aucun renseignement permettant d'identifier clairement ce militant.
(17) Émile Victor Duval, né en 1840, ouvrier fondeur, président de la mutuelle de sa corporation, blanquiste et membre de l'Internationale, il est condamné à 2 mois de prison le 8 juillet 1870, il anime le Club Démocrate socialiste du XIIIe arrondissement, délégué au Comité central des Vingt arrondissements, il participe aux émeutes du 31 octobre et du 22 janvier. Il est nommé chef de la légion du XIIIe et est élu du XIIIe au Conseil de la Commune. Il est fusillé le 3 avril sur les ordres du général Vinoy après les combats malheureux de Châtillon.
(18) Le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier de Maîtron identifie plusieurs militants du nom de Langlais ou Langlois.
(19) Alfred Billioray, peintre, 30 ans en 1871, élu du XIVe au Conseil de la Commune, membre de la commission des Services publics puis des Finances, membre du Comité de Salut Public fut condamné par le 3e Conseil de guerre à la déportation ; gravement malade, il tente une évasion en 1875 et est déporté en Nouvelle-Calédonie (matricule 869) où il meurt le 22 février 1877.
(20) Maximilien Avoine dit Avoine fils, né en 1847, sculpteur ornementiste, il habite 26, rue Vandamme, membre de l'Internationale dans la section de Montrouge, signataire du manifeste contre la Guerre, il est garde national pendant le Siège et est élu au Comité central, condamné à mort par contumace par le 3e Conseil de guerre, il se réfugie à Londres.
(21) Ledux (ou Ledrux), typographe, condamné en 1864 pour abus de confiance, membre de l'Internationale, il habite 113, chaussée du Maine ou 20 rue Vandamme, il combat dans le 136e bataillon pendant le Siège, 31 ans en 1871, lieutenant-colonel, il est élu au commandement du fort de Vanves, condamné à mort par contumace par le 3e Conseil de guerre, il se réfugie à Londres et milite avec les blanquistes.
(22) François Charles Suresne, né en 1829, serrurier, il habite 12 rue du château, condamné à 2 mois de prison pour vol en 1860, il est sergent au 146e bataillon pendant le Siège, simple garde après le 18 mars, il est condamné par le 8e Conseil de guerre, sa peine est commuée en 8 ans de détention et remise en 1879.
(23) En application de l'article 5-2° des statuts de la Fédération, Lucien Henry est par conséquent membre du Comité central de la Garde nationale: "Art. 5 - Le comité central est formé : 1° [...]; 2° D'un chef de bataillon par légion, délégué par ses collègues."
(24) Paul Constantin René Hébert, né en 1837, négociant, dans l'armée de 1855 à 1860, lieutenant au 146e bataillon pendant le Siège, il est domicilié 34, rue de la Gaîté, capitaine responsable de la discipline la légion du XIVe, il démissionne le 27 avril, condamné par le 10e Conseil de guerre à 5 ans de détention sa peine est commuée en 5 ans de prison.
(25) Alexandre Julien Roquejoffre, intendant dans la XIVe légion, il appartient au 104e bataillon, il est domicilié au 98 de la rue de la Tombe-Issoire, il est condamné par contumace par le 5e Conseil de guerre à la déportation en enceinte fortifiée, il se réfugie en Belgique, sa peine est remise en 1879.
(26) Louis Auguste Dieu, peintre en bâtiment, il est domicilié rue de la Tombe Issoire, et appartient au 146 bataillon, il est condamné à mort par le 3e Conseil de guerre, sa peine est commuée en travaux forcé à perpétuité.
(27) On ne possède aucun renseignement sur lui, on sait qu'il est domicilié Passage Gourdon et appartient au 202e bataillon.
(28) On ne possède aucun renseignement sur lui, on sait qu'il est domicilié 14 rue de Vanves et appartient au 217e bataillon. Le nom d'un dénommé Sebourg apparaît sur une affiche du 25 mars.
(29) On ne possède aucun renseignement sur lui, on sait qu'il appartient au 243e bataillon.
(30) Louis Boyer, typographe, il habite 19 rue Vandamme, il est blessé dans les combats de Châtillon le 4 avril et est fait prisonnier, après une hospitalisation à Versailles, il est emprisonné au château d'Oléron le 6 mai puis au fort des Saumonards.
(31) On ne possède aucun renseignement sur lui.
(32) On ne possède aucun renseignement sur lui.
(33) Paul Hourtoule, signataire de la seconde Affiche rouge, il est condamné par contumace à la déportation en enceinte fortifiée par le 10e Conseil de guerre.
(34) Pérève, signataire de la seconde Affiche rouge, fondateur de la Ligue de défense à outrance de tendance blanquiste.
(35) On ne possède aucun renseignement sur lui.
(36) La Commission exécutive de la Commune comprenant: Bergeret, Eudes, Duval, Lefrançais, Pyat, Vaillant et Tridon est chargée de faire appliquer les décrets de la Commune et les arrêtés des autres commissions.
(37) Gustave Flourens, né en 1838, brillant étudiant, professeur, il s'engage en 1866 dans l'insurrection crétoise, condamné à un mois de prison en 1869, il écrit dans La Marseillaise, il est élu à la Commune par le XIXe et le XXe arrondissement, il est membre de la Commission militaire et chef de la légion du XXe.
(38) Émile François Désiré Eudes, né en 1843, étudiant en pharmacie, militant blanquiste, il élu à la Commune par le XIe arrondissement, il est membre de la Commission militaire et de la Commission exécutive. Il se réfugie à Londres après la Semaine Sanglante.
(39) Élisée Jean Jacques Reclus né en 1830 est très connu pour ses travaux de géographie, lié à Bakounine, il est participe à la fondation de l'Alliance internationale de la démocratie socialiste. Interné à Satory après son arrestation, il est condamné à la déportation simple mais après deux pétitions en sa faveur, la peine est commuée en dix ans de bannissement.
(40) Le texte de la lettre figure dans le livre de Georges Bourgin - La Commune 1870-1871 - Flammmarion/Les Éditions Nationales (1938) - 449 p. (p. 313).
(41a) Camille Barrère fut ambassadeur de France à Rome de 1897 à 1924 et académicien.
(41b) Joseph Eugène Michel, 1821-1895, député en 1871.
Louis Marie François Casimir de Ventavon, 1806-1879, sénateur.
César Léon Amaurie Du Chaffaut, 1822-1884, député en 1871 puis sénateur des Basses-Alpes en 1876.
Pierre Léger Prosper Allemand, 1815-?, député des Basses-Alpes en 1871, réélu en 1876 et 1877.
(42) La Commune vécue, 18 mars - 28 mai 1871, vol III. [Paris], Quantin (1903-5), p.248. "Blanquiste militant, ami de Rigault qu'il suivit à la préfecture de police, condamné à mort, peine commuée en déportation, G. Da Costa séjourna à l'île Nou jusqu'en 1880. Son copieux témoignage, même partial et trop influencé par les événements ultérieurs (il suivra Rochefort dans ses errements boulangistes) est essentiel pour l'histoire de la Commune. En fin de 3e volume, liste des insurgé déportés." (Robert LE QUILLEC).
(43) Louis Bretonnière et Roger Pérénnès - L'internement des prévenus de la Commune à Rochefort (1871-1872) - Conseil général de la Charente-Maritime/Université interâges (Nantes) (1996) - 443 p.
(44) Le transport est décrit en détail par Roger Pérénnès - Déportés et forçats de la Commune à Belleville à Nouméa, Ouest-éditions/université- interâges de Nantes - Coll Bibles pour la recherche (1991)-580 p. (p. 267-269). On possède également le témoignage d'un déporté qui a adressé une correspondance à Henri Messager, un autre déporté depuis Gorée (Henri Messager - Lettres de déportation 1871-1876 Notes et préface de Jean Mai- tron. 239 lettres d'un Communard déporté. Ile d'Oléron - Ile de Ré - Ile des Pins. Postface de Charles Vildrac - Le sycomore (1979) - 377 p. (lettre 151, p. 204-206). "Henri Messager avait 21 ans en 1871; il exerça beaucoup de métiers avant et après la Commune, sans beaucoup de succès. Il combattit pour la Commune comme capitaine dans l'artillerie de la Garde Nationale, et fut fait prisonnier au Moulin Saquet. Son fils Charles Vildrac, publie ses lettres écrites de 1871 à 1876, tout récemment retrouvées." (Robert LE QUILLEC)].
(45) Emma Catherine Piffault est la fille du déporté Eugène Piffault. Elle suit son père en Nouvelle-Calédonie et meurt le 2 octobre 1877 à l'âge de 16 ans. Un projet de statue symbolisant la déportation est discuté parmi les déportés et Lucien Henry finit par être désigné. Il semble qu'un autre déporté Jean Milliet (ou Milliez) ait également proposé un projet. Lucien Henry réalise une statue en terre cuite de couleur rouge prise sur les montagnes alentours, sur un piédestal servant de tombeau. L'inscription suivante est gravée: "À la mémoire d'Emma PIFFAULT Morte à l'âge de seize ans Le 2 octobre 1977 Ceux dont elle a partagé l'exil." La statue est dégradée au fil du temps et seule la tête est conservée au Musée de Nouméa.
(46) André Albin François Bruno Thourel, 1800-1880, député.
(47) Paul Emile Barthélémy Philémon Rastoul, médecin, 36 ans en 1871 est garde national au 9e bataillon et préside le club des Montagnards; il est élu au Conseil de la Commune, le 26 mars et nommé Inspecteur général des Ambulances; il est condamné le 2 septembre 1872 à la déportation simple (matricule 1669). Déporté à l'île des Pins, il est autorisé à s'installer à Nouméa avec sa femme et ses enfants mais après l'évasion de Rochefort, sa femme est expulsée, et lui-même renvoyé à l'île des Pins. Il meurt au cours d'une tentative d'évasion avec 19 autres déportés, le 11 mars 1875.
(48) Eugene Francis McDonald, Harry-André Henry et Harold George Meek - The Australian bankruptcy law and practice: embodying the Commonwealth Bankruptcy Act 1924-1928 annotaed and explained and the rules and forms thereunder by E. F. McDonald, H.A. Henry et H. G. Meek - [Sydney], Law Book Company of Australasia (1928) - 821 p.