LA COMMUNE DE PARIS. UNE RÉVOLUTION SANS IMAGES

Bertrand Tillier, « La Commune de Paris. Une révolution sans images »

Bertrand Tillier constate que les rapports de la Commune de 1871 avec les «images» ont peu intéressés les historiens d’art en raison de l’obstacle de l’interdisciplinarité. L’idéologie vis-à-vis de «L’année terrible» n’a pas permis de définir un «corpus» à partir des œuvres et des opinions inspirées par la Commune (à l'exception de la photographie parfois manipulée par ses opposants). L’histoire de la Commune a suscité trop de falsification voire de dilution des «images» pour comprendre une transition de celle-ci avec la peinture impressionniste. L’auteur rassemble les différents objets de représentation et étudie en détail l’engagement des artistes, leur répression, les institutions artistiques de la Commune et esquisse un «mémorial» malgré la proscription, la censure et le déplacement de «sens par «l’amnistie» décidée pour leur «disculpation» par les tenants de la répression.

Philippe Lépaulard

Bertrand Tillier, « La Commune de Paris. Une révolution sans images », Ed. Champ Vallon (P.U.F.), 32 euros.

 

CHANTONS LA COMMUNE

Les poètes de la Commune, en restituant la physiologie du peuple, témoignent des pathologies qui l’accablent. Journalistes de l’événement, éveilleurs de conscience, ils forment une chaîne transportant jusqu’à nous les chants de l’humanité. Cette poésie, à lire ou à chanter, est une façon de voir les choses ; elle apporte sa contribution au patrimoine de l’histoire, notre bien commun. Jean-Pierre Chabrol écrit :

« Quand il s’agit de la Commune, je n’ai pas envie de couper les rimes en quatre. Faire dans la critique me parait indigne du sujet, l’objectivité sonne faux :

les Communards n’ont que ceux qu’ils méritent, des partisans ou des ennemis ».

Ami(e)s accompagnés de notre brochure, chantons la Commune à la mémoire de ses protagonistes, vecteurs de nos idéaux, nos espoirs.

Patrick Cavan

« Chantons la Commune ». Éditée et vendue par l’Association des Amis de la Commune de Paris.

 

A PROPOS DE LA BIOGRAPHIE DE LOUISE MICHEL

Franz Van Der Motte, Louise Michel, L’Harmattan, 2004

À l’heure du souvenir, quand la mémoire est au rendez-vous avec le temps, c’est souvent l’opportunité de voir fleurir des productions consacrées au sujet à célébrer.

Louise Michel et son odyssée n’échappent pas, là, à quatre vingt dix pages d’une vision d’auteur commisérative que je ne partage pas.

Louise, femme-citoyenne et saine d’esprit, est consciente du monde dans lequel elle vit, celui régit par le pouvoir organisé d’une classe pour l’oppression d’une autre. Non résignée à ce postulat, elle mène une vie de combat revendiquant autre chose que la charité, principalement la détermination à

« Etendre le sentiment de la patrie au monde entier, le bien-être, le savoir à toute l’humanité, la science et la liberté pour tous ».

Louise Michel vaut bien mieux que tout ce que l’on pourra dire d’elle, ses détracteurs même les plus miséricordieux ne peuvent réduire l’histoire d’une intelligence en adéquation avec l’optimiste de sa volonté. Pendant la Commune de Paris, Louise Michel, le peuple et ses « chefs » ont formés la classe combattante de « la multitude d’en bas » et aucun de ces Communards n’a failli à ses engagements.

Patrick Cavan

Franz Van Der Motte, Louise Michel, L’Harmattan, 2004

 

LE TEMPS DES CERISES

Philippe Dumas, « Le temps des cerises », Edition L’école des loisirs

Une grande leçon de courage, d’amour, de lutte et d’espoir et « les cerises reviennent chaque année ». Un bel ouvrage à offrir à nos jeunes.

Alice Belem

Philippe Dumas, « Le temps des cerises », Edition L’école des loisirs.

 

LA ROUGE MARE DU HAUT-PLESSIS

Gérard Vallée, La Rouge mare du Haut-Plessis, Editions Page de garde.

L’idée est originale puisque l’auteur, à travers le récit d’un enfant de huit ans, raconte des épisodes importants de l’histoire comme la Commune de Paris, la Guerre de 1914-1918, celle de 1939-1945.

La rouge mare au fond d’argile se situe en Basse-Normandie, près de Brétoncelles. L’enfant en ce printemps 1944, écoute le soir à la veillée son père raconter ses souvenirs de la Grande Guerre et ceux de l’arrière grand-oncle Communard. Le grand oncle a vu le massacre des Communards, leur courage, et l’enfant s’imprègne avec force de cet exemple pour supporter sa guerre à lui en ce Printemps quarante-quatre. Il puise dans les aspirations à la démocratie du grand-oncle, l'envie de vivre, l’envie de bonheur. L’insouciance apparente de l’enfant est admirablement décrite : la Rouge mare, au bord de laquelle tout aspire à la paix peut devenir rouge de sang. Alors qu’il s’amuse avec les grenouilles, il frôle la mort : « elle n’était pas au rendez-vous » raconte-t-il philosophe... Le récit comporte aussi de larges extraits de l’article « Hier et demain » de Jean Jaurès paru dans L’Humanité en 1907 pour l’anniversaire de la Commune. L’ouvrage se termine par quelques textes de chants de lutte du monde ouvrier que l’on chantait en famille, lors des fêtes, chez l’auteur. Tout cela fait que ce récit rappellera sans doute à quelques lecteurs des souvenirs similaires.

Claudine Rey

Gérard Vallée, La Rouge mare du Haut-Plessis, Editions Page de garde. 16 euros.

 

PRISE DE POSSESSION

Louise Michel, Prise de possession, Editeur J.P. Rocher

En France, la fascination réciproque des gens qui écrivent et des leaders politiques fut rarement démentie et il en résulte une collusion récurrente entre le pouvoir de l’Etat et le pouvoir littéraire. Richelieu n’y fut pas pour rien en créant l’Académie Française. Plus tard, Giscard d’Estaing, Pompidou et Mitterrand s’inscrivirent sans difficulté dans ce cheminement déblayé par les Bourbons.

Tout ça pour dire que Louise Michel, femme de lettres mais surtout d’engagements politiques vibrants, est une exception à cette tradition élitiste car, brandissant le drapeau des libertaires, elle demande dans ce petit livre la fin de tous les pouvoirs : le politique, le financier et aussi tous les autres, y compris celui du suffrage universel. Peut-on en parler sans rire ? Nous dit-elle. L’Anarchie c’est l’Ordre par l’Harmonie. Voilà son postulat. Et son message d’action fut : Ne prenez pas le pouvoir ... Prenez possession de vos droits d’êtres humains. Contrairement aux autres partis de gauche qui vont la suivre sur le terrain de certaines revendications, elle se refuse à prendre le pouvoir puisqu’il y aurait expropriation ce qui impliquerait une exclusion pour certains. Et sur la lancée de son engagement, elle va mettre dans le siècle à venir des espoirs extraordinaires d’égalité et de liberté dont elle souligne qu’ils sont les seuls biens mais qu’ils sont incompatibles avec une quelconque notion de possession. Donc de pouvoir. Plus même, dans « Prise de Possession » elle va annoncer un âge d’or au-delà d’un capitalisme qu’elle juge condamné. Depuis, lors du XXe siècle, des partis totalitaires de gauche et de droite ainsi que des tyrans opportunistes nous ont fait vivre les plus consternantes périodes d’exploitation de l’homme par l’homme de l’histoire du monde. Louise ne l’aura pas vu venir. Et l’âge aujourd’hui, est plus d’argent que d’or. A lire pour une pensée vigoureuse, indignée, libre, généreuse, respectueuse des autres et animée de l’esprit de résistance. Son approche dont la formulation peut sembler naïve à notre XXIe siècle rejoint certains systèmes de pensée contemporains concluant à l’écroulement des hiérarchies pyramidales au profit de réseaux transversaux plus subtils. Ayant sur ce sujet plus d’espoirs que de certitudes, je concluerai simplement comme Jacques Le Flou, son préfacier :

LOUISE ON T’AIME !

Claude Chanaud

Louise Michel, Prise de possession, Editeur J.P. Rocher, Prix 12 euros.

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